Mensonges et arrestations, c'est ainsi qu'Erdogan confronte ses opposants
Mahmoud al-Batakouchi
Ces dernières années, plus de 500000 personnes ont été incarcérées en Turquie, selon le ministre turc de l’Intérieur Sulayman Soylu, après avoir été accusées de participer au putsch manqué de 2016, attribué à l’opposant Fethullah Gulen, ou pour d’autres accusations mensongères.
Le régime turc en est arrivé à s’appuyer sur la déclaration d’un prisonnier du nom de Davut Chavak (49 ans), condamné pour agressions sexuelles contre des mineurs, qui contenait des accusations fausses portées contre nombre de procureurs généraux et de juges, opposants au régime au pouvoir en Turquie.
Et bien que ces accusations concernant l’appartenance des procureurs et juges au mouvement de Gulen n’aient été étayées par aucune preuve, le régime turc a porté l’affaire devant le Parquet d’Inpolo dans la région de la Mer Noire, ce qui a conduit à une série d’investigations auprès des personnalités mentionnées dans la lettre.
Et malgré le fait que les enquêteurs n’aient pas été convaincus par ces mensonges, certains juges et procureurs généraux parmi ceux considérés comme opposés au régime ont été limogés et emprisonnés.
Le régime a également emprisonné des juges de la Cour d’appel militaire et s’est ainsi débarrassé d’officiers turcs partisans de l’Otan grâce à des déclarations d’un officier hostile aux Etats-Unis, du nom de Muzaffar Yassine Aslan (48 ans), connu pour ses relations extraconjugales.
Erdogan a ainsi recouru aux services d’Aslan pour réaliser ses plans et protéger ses agents transférant des djihadistes et des armes à travers les frontières avec la Syrie.
Notons que l’arme des accusations mensongères a été utilisée aussi à l’extérieur du pays, et en Belgique, nombre d’accusations de terrorisme ont été portées contre les représentants d’ONGs belges, de centres de dialogue interculturel, d’organisations des droits de l’homme, d’associations de la jeunesse et des femmes, ou d’organisations à but non lucratif.