Publié par CEMO Centre - Paris
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Une légende politique au coeur du soufisme

vendredi 28/septembre/2018 - 09:02
La Reference
Sarah Rasha
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Une légende politique

L'histoire commence il y a plus de 818 ans à Fès, au nord-est du Royaume du Maroc. Un enfant nommé Ahmed naquit dans cette ville aux alentours de l’an 1200. Sa famille avait quitté la Mecque en 692, après la poursuite par les Omeyyades (662-750 Ap Jc) des partisans de l'Imam Ali (le quatrième calife) dans la région du Hijaz.

La famille de l'enfant a donc vécu au Maroc près de 500 ans avant sa naissance. Suite à une vision faite par l'un des membres de la famille (probablement le père), celle-ci décide de revenir à la Mecque où elle s’installe jusqu’à la mort du père, puis se rend en Irak puis en Egypte. Ahmed avait alors une quarantaine d’années.

Il s’agit de Ahmad Al-Badawi, le troisième des quatre pôles soufis, et fondateur de la méthode badawie, répandue dans les pays arabes. Chaque année, un million de soufis en Egypte célèbrent le fameux mouled (fête religieuse) qui porte son nom. Al-Badawy avait plusieurs titres dont Al-Alawy car s génalogie remontait à l'imam Ali, le quatrième Calife, et Cheik Al-arab en raison de sa générosité.

Le nom d’Al-Badawy a été mentionné pour la première fois dans les livres d'histoire au cours des 15e et 16e siècles. Il était alors représenté comme une sorte de patrimoine populaire, et non pas une personnalité réelle. Selon ses adversaires, il s’agissait là d’une indication que les miracles qui lui sont attribués ont été colportés par des individus, mais n’ont jamais été vus. Ils ont expliqué son installation à Tanta et non pas dans la capitale, par son désir de se cacher de l'État, mais ses partisans disent qu'il s’est rendu à Tanta après une vision.

Dans son livre intitulé « Al-Sayed Al-Badawi entre et mythe et réalité », publié en 1982, le chef des Quranists (courant intellectuel et religieux qui refuse de se fier aux hadiths), Ahmad Subhi Mansour, affirme d’Al-Badawy n’est pas venu en Egypte en tant que soufi, mais il a été présenté comme tel par ses partisans, qui ont décidé d’en faire un Walyie (personne très pieuse) après sa mort).

En réponse à ces arguments, les soufis ont publié des livres pour le défendre comme l’ouvrage Hayat Al-Sayed Al-Badawy, Bahth fi Tarikh Al-Tasawof Al-Islami (La vie d’Al-Sayed Al-Badawy étude dans l’histoire du mysticisme islamique) d’Ibrahim Nourredine. Le livre nie tout rôle politique d’Al-Badawi.

Le controversé Sayed Al-Badawi mourut en 1276, après avoir fondé la méthode badawie à Tanta, où se trouve aujourd’hui la mosquée qui porte son nom. Il a envoyé ses disciples au Levant, à la Mecque et en Haute-Egypte pour diffuser sa méthode.

Après sa mort, ses disciples ont fondé d'autres méthodes comme Al-Ahmadiyya Almorazkh, Al-Chénawya Al-Ahmadya, Al-Farghalya et d’autres.

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