Une récession brutale devrait frapper la France en 2020
L’horizon économique de la France et des
pays de la zone euro s’assombrit un peu plus. Selon les prévisions de
l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), publiées
mercredi 10 juin, la contraction du produit intérieur brut (PIB) va se
situer entre 11,4 % et 14,1 % en 2020 en France.
Soit la contraction la plus importante au
monde, dans les mêmes proportions qu’en Espagne, en Italie et au Royaume-Uni.
Même l’Argentine, qui vient pourtant d’entrer, fin mai, en défaut de paiement,
s’en sortira mieux avec une chute de son PIB attendue entre 8,3 % et
10,1 %. C’est dans la zone euro que le décrochage, compris entre
– 9,1 % et – 11,5 %, sera le plus brutal de la planète.
En raison de « l’incertitude
exceptionnelle » de la conjoncture cette année, l’OCDE présente
ses prévisions en prenant en compte deux scénarios. L’un avec une deuxième
vague de la pandémie de Covid-19 se propageant sur la planète à la fin 2020,
l’autre sans.
« Grande
fragmentation »
L’économie française cumule les handicaps
en cette période. « Ses avantages comparatifs se situent dans des
secteurs parmi les plus touchés par la crise comme le transport aérien, le
tourisme ou même le luxe, explique Daniel Cohen, directeur du département
d’économie de l’Ecole normale supérieure. Et l’Hexagone n’a pas eu
d’autre solution que le confinement massif, contrairement à l’Allemagne qui
s’était préparée plus tôt à la pandémie. »
L’OCDE constate que les « services
ont été plus touchés que l’industrie », particulièrement dans les
secteurs de l’hôtellerie, du tourisme et des loisirs. « On assiste
à l’épuisement d’un Etat jacobin qui a voulu tout gérer depuis le sommet, des
écoles aux transports publics, ajoute M. Cohen. Or, un Etat
centralisateur est mieux placé pour imposer un confinement total que pour en gérer
sa sortie, là où il faut agir par petites touches et avec de la concertation
sociale, secteur par secteur. »