Publié par CEMO Centre - Paris
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Nouvel espoir de pourparlers pour arrêter la guerre en Libye

jeudi 04/juin/2020 - 01:00
La Reference
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Les deux dirigeants libyens, Fayez Al Sarraj pour la Tripolitaine à l’ouest du pays et le maréchal Khalifa Haftar pour la Cyrénaïque à l’est finiront-ils un jour par s’asseoir à une même table de négociations ? Cette perspective demeure lointaine tant les deux ennemis libyens n’ont jamais jusqu’ici discuté en face-à-face. Et les échecs retentissants des dernières tentatives de pourparlers appellent à la prudence. Toutefois, une nouvelle fenêtre d’opportunité vient de s’ouvrir.

Moscou et Ankara se partagent la Libye

La mission des Nations unies en Libye (UNSMIL) s’est félicitée le 2 juin du fait que le gouvernement dit d’union nationale (GNA) de Tripoli, d’un côté, et l’armée dite nationale libyenne (ANL) fidèle au maréchal Haftar, de l’autre, ont accepté la reprise de pourparlers dans le cadre de la commission mixte militaire 5+5 (CMM) proposée fin février. Une première réunion par visioconférence s’est tenue entre l’émissaire par intérim de l'ONU, l’Américaine Stephanie Williams, et les cinq membres de la délégation loyale à Khalifa Haftar. Une réunion similaire avec la délégation du GNA est prévue dans les jours à venir, a annoncé l’Onu. Le ballet des discussions parallèles s’est à nouveau intensifié. Le 3 juin, Fayez al-Sarraj était à Ankara. Dans le même temps son bras droit, le vice-premier ministre Ahmed Maetig, atterrissait à Moscou, tandis que Khalifa Haftar se rendait au Caire.

Les revenus du pétrole ont chuté de 97 %

La mission fait le vœu que ces discussions coïncideront avec « un retour au calme et une trêve humanitaire afin d’ouvrir la voie à un accord de cessez-le-feu durable ». Car la guerre, relancée par l’assaut des troupes de l’est sur Tripoli en avril 2019, n’a cessé de s’intensifier ces derniers mois, faisant des centaines de morts et plus de 200 000 déplacés. Le pays est exsangue. En avril, les revenus du pétrole ont chuté de 97 % par rapport à ceux d’avril 2019, passant de 1,4 milliard d’euros à 45 millions d’euros, en raison de la fermeture et de la dégradation des sites pétroliers, a alerté début juin la Noc, la compagnie nationale pétrolière.

Pour l’expert libyen Jalel Harchaoui, chercheur à l’institut néerlandais de relations internationales Clingendael, il faut voir la main de Moscou et d’Ankara dans ce possible retour aux discussions politiques entre les deux pouvoirs rivaux. Pas mécontents de damer le pion aux États occidentaux incapables d’une diplomatie cohérente pour régler le conflit.

Un soutien russe en fausse monnaie

Sans couper les ponts avec Tripoli, la Russie n’a pas mégoté son soutien au maréchal Haftar, y compris en fausse monnaie créée au profit de la banque centrale de Benghazi, à l’existence contestée. La société russe Goznak aurait ainsi fabriqué des dinars libyens pour un équivalent de plus de six milliards d’euros, avait estimé un rapport d’experts de l’ONU en décembre dernier. Les autorités maltaises ont, de plus, annoncé le 26 mai avoir saisi des faux billets libyens pour un montant de près d’un milliard d’euros.

De son côté la Turquie a « depuis six mois réalisé un sans-faute dans son soutien massif au GNA qui a regagné des positions en Tripolitaine », relève Jalel Harchaoui. Le 3 juin encore, les forces pro-GNA ont repris le contrôle de l’aéroport international de Tripoli occupé par les forces rivales depuis un an.

Un partage tacite de la Libye entre la Russie et la Turquie

« Il y a tout lieu de penser que Vladimir Poutine et Recep Tayyip Erdogan ont passé un accord, le premier concédant la Tripolitaine à la Turquie et gardant la Cyrénaïque », poursuit le chercheur. Ce qui explique les grandes manœuvres militaires de fin mai.

Tout d’abord, l’annonce le 25 mai par le GNA du retrait des abords de Tripoli de très nombreux mercenaires – au moins 2 500 estime Jalel Harchaoui – employés par la compagnie russe Wagner, proche du Kremlin, au profit des troupes d’Haftar. Ceux-ci sont repliés sur la base militaire d’Al-Jafra au cœur du désert libyen. Là où ont également atterri une dizaine d’avions de chasse Mig-29 de fabrication russe afin d’assurer à la Russie une forte position défensive.

 


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