Comment expliquer ce retournement de situation militaire ? Essentiellement par l’entrée en lice fracassante depuis janvier d’un nouvel acteur dans cette guerre civile instrumentalisée par certaines puissances étrangères.
Cet acteur, c’est la Turquie. Le président Recep Tayyip Erdogan a décidé de prêter main forte à son homologue libyen Fayez el-Sarraj. C’est une aide décisive qui a été dépêchée à Tripoli depuis le mois de janvier. Une aide à la fois en matériel militaire - en drones notamment - et en hommes, des combattants syriens pro-Ankara.
Et les forces du GNA, jusque-là sur la défensive, et qui avaient beaucoup de mal à stopper l’avancée des soldats d’Haftar sur Tripoli, sont en train de desserrer l’étau autour de la capitale libyenne grâce à ces renforts turcs. Ils ont même repris des localités stratégiques dans un rayon de 70 à 150 kilomètres autour de Tripoli.
L’ANL du bouillant maréchal recule, et avec elle les mercenaires russes de la milice paramilitaire privée Wagner, envoyés par Moscou fin 2018 pour soutenir Haftar - bien que la Russie n’ait jamais reconnu officiellement cette aide. Ils ont plié bagages à toute allure le week-end dernier pour aller protéger les villes stratégiques de Jufra et Syrte, encore aux mains de l’ANL, avant sans doute de rentrer en Russie.