En Iran, indignation après l’assassinat d’une adolescente par son père
Romina Ashrafi avait 13 ans. Elle avait quitté la maison familiale pour vivre avec son amoureux. Rattrapée par les autorités et ramenée à son domicile, elle sera décapitée par son père alors qu’elle dormait. Un crime qui scandalise et ranime le débat sur les lois patriarcales en Iran.
“La tragédie de Romina”, titre en une le quotidien réformateur Kargozaran ce jeudi 28 mai pour dénoncer l’assassinat à la faucille d’une Iranienne de 13 ans par son père. Un meurtre qui émeut depuis quelques jours l’opinion publique. Et, dans une démarche inédite pour la presse iranienne, le journal consacre toute sa une à la photo de l’adolescente.
Romina Ashrafi, une habitante d’un petit
village dans le Gilan, dans le nord du pays, avait fui sa maison familiale avec
son copain de 30 ans, parce que son père s’opposait à leur mariage, non
pas à cause de l’âge très avancé de l’homme, mais en raison de son obédience
sunnite, alors que les Ashrafi sont chiites.
Après la disparition de l’adolescente, le
père de Romina Ashrafi porte plainte contre le copain de cette dernière
pour “enlèvement”. Le couple est arrêté
cinq jours plus tard. L’adolescente supplie les autorités pour qu’elles ne la
remettent pas à son père. En vain. Le lendemain, elle est tuée pendant son
sommeil par son père qui essaie d’abord de l’étrangler avant d’utiliser une faucille.
Le
père propriétaire de son enfant
Cette tragédie a créé un tollé sur les réseaux sociaux en Iran contre les lois patriarcales et l’absence de protection pour les femmes et les jeunes filles, parce que, selon le Code pénal islamique, en vigueur en Iran, le père est considéré comme le propriétaire de son enfant. Ainsi, le père qui assassine sa progéniture ne sera condamné, selon le verdict du juge, qu’entre trois à dix ans de prison. Alors que le meurtre en Iran est passible de la peine capitale.
Dans son édito, Kargozaran se demande pourquoi
la jeune adolescente, “vu le caractère du père et la culture de
la région, a été remise à sa famille, alors qu’elle pouvait rester avec la
police ou avec les organisations de défense de l’enfant. Pourquoi la loi reste
muette dans ces cas ?”. Des questions que se
posent beaucoup d’Iraniens depuis la médiatisation de la tragédie.
En Iran, le nombre exact des “crimes
d’honneur” n’est pas disponible dans les rapports publics. Or, la police de
Téhéran a annoncé en 2014 que 20 % des homicides étaient des “crimes
d’honneur”, sans donner aucun chiffre.