Comment le fond souverain qatari rebondit après la crise du Covid-19
Pressé par
l'actualité et l'enjeu planétaire de la coupe du monde 2022, l'Émirat doit
profiter des atouts géopolitiques et économiques dont elle dispose pour être le
moins impacté possible par la crise mondiale. (*) Par Sébastien Boussois,
docteur en sciences politiques, chercheur Moyen-Docteur en sciences politiques,
chercheur Moyen-Orient relations euro-arabes/ terrorisme et radicalisation.
Malgré
la pandémie qui a frappé une bonne partie du monde, le Qatar est un pays pressé
par l'actualité et l'enjeu planétaire de la coupe du monde qu'il accueillera en
2022. Bien que les travaux se soient poursuivis pendant la pandémie, et alors
que le maximum de mesures sanitaires ont été prises, avec un taux de létalité
parmi les plus bas au monde, Doha doit profiter des atouts géopolitiques et
économiques dont elle dispose pour être le moins impacté possible par la crise
mondiale survenue depuis le début de l'année. Parmi ces forces, comme d'autres
pays précautionneux et disposant d'un filet de sécurité économique, le Qatar
dispose d'un confortable fonds souverain. Géré par la Qatar Investment
Authority, ses ressources sont issues des revenus des hydrocarbures pour un
montant de près de 320 milliards de dollars, essentiellement du gaz puisque le pays
exploite le plus grand champ gazier du monde avec son voisin iranien.
La
politique offensive en matière d'investissements du petit Émirat dans le monde
lui permet aujourd'hui d'avoir des participations dans de gros groupes
bancaires mondiaux (Barclays, Crédit Suisse, Bourse de Londres), immobilier
(groupe Accor, Four Seasons, Raffles), industrie (Airbus, Porsche, Volkswagen),
distribution de luxe (Harrods), sport (PSG), etc. C'est un puissant levier de
résilience pour le Qatar, surtout par temps de crise. Ce qui ne manque pas dans
la région. Déjà essentiel au moment du blocus décrété contre le pays par ses
voisins saoudien et émirati en 2017, le fonds souverain qatari avait consacré
10% de son budget en rapatriant des actifs internationaux afin de pallier la
déstabilisation économique du pays.
Aujourd'hui,
la QIA continue à investir par sécurité depuis le début de la crise récente
pour assurer son avenir. L'objectif est, comme le fond les Saoudiens
actuellement et tardivement avec leurs Fonds public d'Investissement ou encore
les Émiratis avec l'Abu Dhabi Investment Authority, de poursuivre le processus
de diversification de son économie afin d'anticiper un jour la fin de la rente
de gaz et parachever son développement durable. Ali Sharif Al-Emadi, le
ministre des finances du Qatar réaffirmait récemment sa volonté de signer de
nouveaux accords dans les domaines de la santé et des nouvelles technologies au
moment où le marché est devenu très volatile et que les cours des actifs sont
au plus bas. C'est une opportunité unique pour Doha, comme pour ses voisins, de
s'assurer à bas coût des investissements rentables, essentiellement de plus en
plus tournés vers l'Amérique et l'Asie. Il faut avant tout que les entreprises
concernées soient résistantes et démontrent leur capacité de
durabilité malgré le chaos actuel pour faire les honneurs de Doha. Ainsi, un
programme de soutien de plus de 20 milliards de dollars aux entreprises
mondiales a été annoncé récemment. Mais le fonds souverain a aussi des
responsabilités fondamentales à nouveau dans le pays avec la crise.