Une centaine de migrants débarquent en Libye après trois jours d'attente en mer
Près de 100
migrants qui avaient tenté de fuir la Libye à destination de l'Europe en début
de semaine ont été débarqués à Misrata après trois jours d'attente à bord du
navire commercial qui les a secourus. Selon l'OIM, ils ont été placés en centre
de détention.
Après
trois jours d'attente et deux nuits à bord du navire commercial qui les avait
secourus, 98 migrants ont été débarqués dans la nuit du mercredi 27 mai au port
de Misrata, en Libye, annonce l'Organisation internationale
pour les migrations (OIM).
Ces migrants avaient été
secourus par un navire commercial battant pavillon portugais alors qu'ils
dérivaient en mer, dans l'espoir d'atteindre les côtes européennes. Ils ont été
ramenés vers leur point de départ, la Libye, au grand dam de l'OIM qui martèle
que ce pays ne peut être considéré comme un port sûr pour débarquer des
migrants.
"Tout effort visant
à la sauvegarde de la vie humaine est extrêmement important et doit être
souligné, particulièrement à l'heure où les opérations de sauvetage de la part
des ONG et des nations ont diminué drastiquement", note Safa Mehsli,
porte-parole de l'OIM, jointe par InfoMigrants. "Pour autant, nous
rappelons aux gouvernements et aux capitaines des navires qu'en vertu des lois
maritimes et autres conventions internationales, les personnes secourues en mer
doivent être emmenées vers un port sûr et la Libye n'en est pas un."
Des hommes originaires du
Soudan et du Bangladesh
La porte-parole indique
que la majorité des 98 hommes secourus par le navire portugais étaient
originaires du Soudan et du Bangladesh. Un seul a été identifié comme mineur.
Tous ont été emmenés au centre de détention de Zliten.
L'affaire a fait grand
bruit au Portugal où le ministre des Affaires étrangères, Augusto Santos Silva,
a dû intervenir, déclarant mardi que le navire avait "strictement respecté
la réglementation".
Le mois dernier, l'Italie
- destination la plus proche pour les migrants partant de Libye par la mer - a
déclaré que ses ports devaient être considérés comme non-sûrs en raison de
l'épidémie de coronavirus qui a particulièrement touché le pays.
Pas de quoi freiner les
départs de migrants qui continuent de prendre la mer alors qu'aucun navire
humanitaire n'est, en outre, présent au large de la Libye actuellement. L'OIM a
ainsi annoncé plus tôt cette semaine qu'environ 400 migrants avaient été
interceptés en mer et renvoyés en Libye en à peine 48 heures.
La
situation sécuritaire y est toujours déplorable et la crise sanitaire vient
encore plus "compliquer" le quotidien des migrants sur place, comme
l'a expliqué plus tôt cette semaine Vincent Cochetel, le représentant du
Haut-commissariat des Nations unies aux réfugiés (HCR) pour la Méditerranée
centrale, dans un
entretien accordé à InfoMigrants. "Quelque 75% des
migrants ont perdu leur emploi et on ne sait pas dans quelles mesures ils
pourront le récupérer rapidement. De plus, les évacuations de réfugiés de Libye
vers un pays sûr sont interrompues en raison de la fermeture des frontières et
des combats dans le pays. Pour l'instant, il n'y a pas de solution en
Libye", a-t-il conclu.