Barrage sur le Nil : l’Egypte accepte de reprendre les négociations avec le Soudan et l’Ethiopie
L’Egypte a annoncé jeudi 21 mai
accepter de reprendre les négociations avec le Soudan et l’Ethiopie concernant
le remplissage du réservoir d’un méga-barrage controversé qu’Addis-Abeba
construit sur le Nil, source de tensions dans la région. « L’Egypte
est toujours prête à entrer dans des négociations et à participer aux
prochaines réunions (…) pour parvenir à un accord juste,
équilibré et global », a déclaré le ministère des affaires étrangères
dans un communiqué publié jeudi soir.
L’accord devra prendre en compte « les
intérêts de l’Egypte en matière d’eau, ainsi que ceux de l’Ethiopie et du
Soudan », a-t-il ajouté. Le mouvement du Caire intervient après
une conversation entre le premier ministre soudanais Abdalla Hamdok et son
homologue éthiopien Abiy Ahmed ce jeudi.
En avril, M. Ahmed avait proposé de
procéder au « premier remplissage » qui permettrait
de collecter 18,4 milliards de m3 d’eau dans le réservoir
du barrage sur deux ans. Le Soudan et l’Egypte craignent que le barrage de
145 mètres de haut ne restreigne leur accès à l’eau lorsque le réservoir
commencera à être rempli en juillet, selon la date initialement indiquée par
l’Ethiopie.
Fortes
tensions depuis 2011
L’Egypte a pris l’ONU à témoin. Remplir et
exploiter le barrage « mettrait en péril la sécurité de l’eau, la
sécurité alimentaire et, en fait, l’existence même de plus de 100 millions
d’Egyptiens, qui dépendent entièrement du Nil pour leur subsistance »,
a écrit le ministre égyptien des affaires étrangères, Sameh Choukry, dans une
lettre adressée au Conseil de sécurité des Nations unies le 1er mai. « L’Ethiopie
n’a pas d’obligation légale de chercher l’assentiment de l’Egypte pour remplir
le réservoir », a rétorqué le 14 mai son homologue éthiopien,
Gedu Andargachew.
Appelé à devenir la plus grande
installation hydroélectrique d’Afrique, le grand barrage de la Renaissance
(Gerd) que l’Ethiopie construit sur le Nil Bleu (qui rejoint au Soudan le Nil
Blanc pour former le Nil) est une source de fortes tensions entre Addis-Abeba
et Le Caire depuis 2011.
Après neuf années de blocage dans les
négociations, les Etats-Unis et la Banque mondiale parrainent depuis
novembre 2019 des discussions visant à trouver un accord entre les trois
pays. Le Nil, qui coule sur quelque 6 000 kilomètres, est une source
d’approvisionnement en eau et en électricité essentielle pour une dizaine de
pays d’Afrique de l’est.