Le groupe Horass Al-Dine s’oppose à la Turquie ... Le bras d’Al-Qaïda rejette l’accord de Sotchi
Sarah Rashad
Le groupe Horass
Al-Dine (les gardiens de la religion) affilié à Al-Qaïda dans la province
d’Idlib (nord-ouest de la Syrie), a annoncé dimanche dans un communiqué de deux
pages, son rejet de l'accord de Sotchi, conclu lundi dernier, entre le
président russe Vladimir Poutine et son homologue turc Recep Tayyip Erdogan, et
stipulant la création d'une zone tampon de 15 à 20 km entre les forces du
régime syrien et celles des rebelles à Idlib.
Le groupe explique
pourquoi, de son point de vue, l’étau s’est resserré autour de la rébellion
armée « Si nous en sommes arrivés
là c’est parce que les factions ont accepté de limiter leur présence dans les
régions nord, laissant derrière eux les villes et les villages à l'armée
syrienne », affirme le communiqué de Horass Al-Dine.
Le groupe note que
cette situation a été préparée par des conférences et des accords similaires à
l'accord de Sotchi, estimant que « accepter
l'accord ne fera qu’accentuer la faiblesse des factions ».
La rébellion armée
est appelée, en vertu de l'accord, à se retirer au nord, loin de la zone tampon
et de livrer ses armes lourdes. Mais Horass
Al-Dine accusent de trahison ceux qui ont accepté l’accord.
Le mouvement a
lancé un appel à ses sympathisants hors de Syrie pour se joindre à lui,
affirmant que « le Levant est le
fief des croyants ». Il s’adresse à ceux qu'il appelle « les cheikhs de confiance » pour leur
demander conseil.
Avec ce
communiqué, les gardiens de la religion sont la première faction à rejeter
l'accord de Sotchi sur lequel la Turquie compte beaucoup pour arrêter les
opérations militaires à Idlib. En effet, l’armée syrienne se préparait à une
offensive d’envergure pour débarrasser la ville des groupes armés.
Le succès de
l'accord dépend du respect de ses principales clauses par les factions armées.
La Turquie cherche par tous les moyens à les convaincre d'accepter l’accord.
Celui-ci constitue la dernière chance pour Ankara de sauver ses gains en Syrie.
Pendant plus de 8
ans, la Turquie est intervenue sur la scène syrienne pour étendre son influence
dans la région, et pour contrecarrer tout projet d’Etat kurde à la frontière
syro-irakienne.
Fin 2017, Ankara
avait lancé deux opérations militaires en Syrie, "Rameau d'olivier" et "Bouclier de l’Euphrate", afin d'imposer son contrôle
sur le nord de la Syrie et contrer le rêve kurde. L’entrée de l'armée syrienne
à Idlib mettrait en péril les gains militaires turcs, en particulier la
possibilité d’un retour du danger kurde.
Outre Horass Al-Dine, Hay’et Tahrir Al-Cham (l’organisation
de libération du Levant) a également rejeté l'accord de Sotchi, bien qu’elle ne
l’ait pas encore annoncé de manière officielle, ce qui a été interprété par les
observateurs comme un indice sur l'existence de plusieurs avis au sein du
groupe, dont certains seraient favorables à l’accord.
Les factions
affiliées à la Turquie ont commencé à promouvoir l'accord demandant à leurs
homologues de l’accepter, et adoptant un discours de remerciement à l’égard de
la Turquie pour ce qu'elles considèrent comme « des efforts en faveur des Syriens ».