Municipales 2020: Buzyn sous pression en attendant la date des élections
On a connu mieux comme soutien. Ce jeudi 21 mai, Marlène Schiappa, candidate à la mairie du XIVe arrondissement de Paris sous étiquette LREM, n’a pas réussi à donner de nouvelles de sa cheffe de file, l’ancienne ministre Agnès Buzyn, totalement disparue des radars alors que le second tour pourrait se tenir dès le mois de juin.
“Agnès Buzyn est-elle toujours votre tête de liste à Paris?”, demandait-on à la secrétaire d’État en charge de l’Égalité entre les femmes et les hommes sur France Inter. ″Je n’ai pas d’information à cet égard. Je suis dans l’incapacité de vous répondre”. Une drôle de façon de donner des nouvelles et un manque d’enthousiasme affiché pour une campagne qui a connu des soubresauts inédits.
La campagne impossible
À peine désigné en juillet 2019, le candidat officiel d’Emmanuel Macron, l’ancien ministre Benjamin Griveaux se voit concurrencé au sein même de son parti par le député de l’Essonne Cédric Villani qui décide de se porter candidat sans tenir compte du processus de désignation interne du mouvement. Malgré les pressions, le mathématicien ira jusqu’au bout, actant de fait une division majeure pour les premières élections d’En Marche dans la capitale.
En février 2020, c’est le cataclysme de l’affaire dite Griveaux, dont la sextape dévoilée par un dissident russe interrompt brutalement la campagne... qu’il décide finalement d’abandonner. Loin de se rallier à Cédric Villani, le parti présidentiel choisit au pied levé une autre candidate. Agnès Buzyn. La ministre de la Santé est choisie pour remplacer Benjamin Griveaux alors que la crise du coronavirus est à ses débuts et qu’elle avait assuré trois jours plus tôt qu’elle n’irait pas pour se concentrer sur ce dossier.
“Je ne sais pas ce que je vais faire de ma vie”
C’est peu dire que rien n’avait bien commencé. Et ce n’est pas fini. Au soir du premier tour, alors qu’Agnès Buzyn réunit 17,26% des suffrages et n’arrive qu’à la troisième place derrière Anne Hidalgo (PS) et Rachida Dati (LR), celle-ci s’adonne à des confidences au Monde qui se révéleront désastreuses. “Quand j’ai quitté le ministère, je pleurais parce que je savais que la vague du tsunami était devant nous. Je suis partie en sachant que les élections n’auraient pas lieu”.
Sans oublier un “je me demande ce que je vais faire de ma vie” alors qu’elle vient tout de même de se qualifier pour le second tour et qu’elle représente des dizaines de candidats et militants derrière elle.
Pendant la crise du Covid-19, Agnès Buzyn a repris son activité de médecin, mais est restée bien silencieuse sur ses intentions. Stanislas Guérini, le patron d’En Marche a répondu à sa place dans les colonnes du Monde le 15 mai. “S’il y a un second tour en juin, Agnès Buzyn sera notre tête de liste dans la capitale”, affirme-t-il, sous-entendant qu’en cas de report -et donc de scrutin à deux tours- d’autres options pourraient être envisagées.
“Nous verrons, ça dépend du calendrier”, a renchéri ce jeudi le patron des députés LREM Gilles Le Gendre, lui-même élu à Paris. “Le deuxième tour suivant le premier tour, la candidate est légitime”, a-t-il glissé sans enthousiasme, refusant de dire s’il souhaite ou pas ce retour.
“Elle est disqualifiée”
En attendant et face à ce silence, les critiques publiques pleuvent sur la candidate fantôme. “Elle a dit qu’elle connaissait les risques de cette épidémie, ça me semble invalidant pour prétendre à la mairie de Paris”, a lancé le 18 mai sur Sud Radio, David Belliard, le candidat écologiste.
Le lendemain, sur France Inter, Cédric Villani se montre disponible pour des discussions avec LREM si Agnès Buzyn “compromet” la campagne. Le mathématicien évoque aussi des “flottements” de cette candidature, confiant qu’il n’a lui-même pas saisi si elle était toujours en lice ou pas. En “off”, son entourage va plus loin auprès du HuffPost le 20 mai: “On est prêt à porter le drapeau, car Buzyn est disqualifiée”.
L’équation en encore difficile à résoudre pour LREM puisque tout dépendra de la date des élections, mais aussi de la volonté personnelle de l’ex-belle-fille de Simone Veil. Une autre variable est celle de la position de Cédric Villani qui pourrait aussi envisager une alliance avec Anne Hidalgo et David Belliard en vue du second tour.