Le pouvoir du dictateur: Erdogan suspend le travail du Parlement pour se venger de l’opposition turque
Sarah Wahid
Dans une nouvelle tentative de faire taire les voix de l’opposition, le président turc a décidé de suspendre les séances du Parlement, en utilisant comme prétexte la crise du coronavirus.
Rappelons que le Parlement turc a approuvé le 14 avril une loi dite « d’amnistie générale » autorisant la libération de dizaines de milliers de prisonniers pour diminuer les risques de propagation du coronavirus dans les prisons, mais que cette loi a suscité de nombreuses critiques du fait qu’elle exceptait les prisonniers accusés de « terrorisme », c’est-à-dire opposés au président turc.
Par ailleurs, la loi stipule des amendements permettant aux voleurs, aux trafiquants de drogue et aux membres des organisations du crime organisé de bénéficier de remises de peine.
C’est ainsi que 100000 prisonniers vont bénéficier de ces amendements, dont 60000 condamnés pour trafic de drogues.
Suite à l’approbation de la loi par le Parlement, de virulentes critiques ont ainsi été adressées au président turc, mais Erdogan a pris la décision le 15 avril dernier de suspendre les travaux du Parlement pendant 45 jours.
Pour sa part, le chef de l’opposition turque Kamal Kiliçdaroglu a accusé Erdogan d’exploiter la crise du coronavirus pour manipuler l’autorité législative.
Il a ajouté que le Parti de la justice et du développement et son allié le Parti d’action nationaliste avaient fait passer la loi d’amnistie générale et qu’ils n’avaient plus besoin du Parlement actuellement.
Quant à l’analyste politique turc Jodet Kamel, il a confirmé que le coronavirus était un prétexte utilisé par Erdogan pour suspendre les travaux du Parlement turc jusqu’au 5 mai, affirmant que la vraie raison derrière cette suspension était le désir d’empêcher les attaques des forces de l’opposition ainsi que toute discussion de la décision d’amnistie.
