Publié par CEMO Centre - Paris
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TURQUIE ET SUD-CAUCASE : ENTRE PLURALISME ET RÉPRESSION EXTRÊME

dimanche 17/mai/2020 - 12:37
La Reference
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La Turquie et les républiques caucasiennes (Géorgie, Arménie, Azerbaïdjan) ne pourraient être considérées comme une région uniforme s’agissant de la liberté de la presse : alors que la Turquie et l’Azerbaïdjan s’illustrent par une répression extrême et une censure généralisée, la Géorgie et l’Arménie, bien plus proche de l’UE, pratiquent un pluralisme médiatique fragile.

La situation politique de la Turquie et des pays du Sud-Caucase présente à la fois des traits communs et des différences. Les quatre pays concernés ont des liens assez significatifs avec l’Union européenne (la Géorgie a signé en 2016 un Accord d’association complet avec Bruxelles, l’Arménie a signe un accord ad hoc moins contraignant, tandis que l’Azerbaïdjan coopère en fonction des domaines dans le cadre du Partenariat oriental, auquel les deux premiers pays appartiennent également. Quant à la Turquie, elle tente depuis plus de 20 ans de rejoindre l’UE, malgré un processus d’adhésion complètement enlisé à l’heure actuel).

Néanmoins, la situation démocratique de ces quatre pays n’est absolument pas comparable. La Géorgie semble être le pays doté des institutions les plus solides, malgré de nombreux problèmes de corruption et une forte ingérence de la Russie, qui occupe militairement 15% du territoire géorgien. Le nouveau gouvernement arménien suscite également beaucoup d’espoir, malgré de gros défis. La Turquie semble irrémédiablement se glisser vers l’autoritarisme et l’hyper-présidentialisme taillé sur mesure pour Recep Tayyip Erdoğan. Enfin, l’Azerbaïdjan est tenu d’une main de fer depuis 1993 par la famille Aliyev (le fils, Ilham, ayant succédé à son père, Heydar, en 2003), le régime est régulièrement qualifié « d’autoritaire », voire de « dictatorial ». A l’instar de la démocratie, la liberté de la presse connaît dans cette région des fortunes très diverses.

Schématiquement, nous pouvons diviser la région en deux : la Géorgie et l’Arménie d’une part, la Turquie et l’Azerbaïdjan d’autre part. Les deux premiers pays, proches de l’Union européenne (surtout la Géorgie), jouissent d’une situation plutôt encourageante : respectivement 60ème et 61ème du classement mondial 2020 établi par Reporters sans frontières, la Géorgie et l’Arménie pratiquent un pluralisme médiatique très précieux dans la région. L’indépendance de la Géorgie en 1991 a vu la création de très nombreux journaux et chaînes de télévision libres. Les médias ont très vite été considérées comme une institution très respectable, où la presse s’est encore plus diversifiée après la révolution des roses de 2003. Le président Mikhail Saakashvili a pourtant tenté de contrôler les médias à la fin des années 2000 et au début des années 2010. Ces dernières années, les réformes ont permis toutefois l’assainissement du secteur médiatique, selon les mots de RSF (en 2013, le pays occupait encore la 100ème place de son classement).

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