En Turquie, nouvelles arrestations de maires kurdes dans le Sud-Est
Les autorités turques ont ordonné
l’arrestation, vendredi 15 mai, de quatre maires élus sous la bannière du
Parti démocratique des peuples (HDP, prokurde) pour leurs liens supposés avec
la guérilla du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).
Berivan Helen Isık et Peymandara Turhan,
comaires de Siirt, une ville du sud-est du pays à majorité kurde, ont été
arrêtés à leur domicile sur ordre du parquet et révoqués, tout comme les maires
Baran Akgül et Ramazan Sarsilmaz, des districts de Kurtalan et de Baykan, dans
la même province. Dans la ville d’Idgir et dans la province de Mus, quatre
autres maires ont été démis. Tous ont été remplacés au pied levé par des
administrateurs nommés par le gouvernement.
C’est un nouveau coup dur pour le HDP, deuxième
formation d’opposition de Turquie, représentée au Parlement, dont les rangs ont
été dégarnis par la répression implacable menée contre ses militants, ses
cadres et ses élus. Depuis l’effondrement, à l’été 2015, du processus de paix
entre le PKK et Ankara, le gouvernement islamo-conservateur ne cesse de
s’acharner sur le parti prokurde.
Lors des élections municipales du printemps
2019, le HDP avait remporté 65 municipalités dans l’est et le sud-est du pays.
Depuis, 45 maires HDP ont été révoqués et remplacés par des administrateurs
nommés, 21 sont actuellement en prison sous l’accusation de
« terrorisme ».
Sept députés du parti, dont sa figure de
proue, Selahattin Demirtas, sont également en prison. C’est sous l’impulsion de
cet ancien rival de Recep Tayyip Erdogan à l’élection présidentielle de 2014
que le parti a gagné sa popularité, jusqu’à faire son entrée au Parlement,
quelques mois seulement après sa création, une première dans l’histoire de la
république turque.