Turquie : le Conseil de l'Europe demande la libération immédiate du mécène Osman Kavala
Le Conseil de l'Europe a
de nouveau appelé vendredi à la «libération immédiate»
du mécène turc Osman Kavala, après une décision rendant définitive la
condamnation de la Turquie par la CEDH pour cette détention visant à le
museler.
Formation suprême de la
Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH), la Grande chambre a rejeté
l'appel des autorités turques contre un arrêt datant de décembre dernier,
rendant ainsi définitive la condamnation d'Ankara dans cette affaire,
soulignent dans un communiqué les corapporteurs de l'Assemblée Parlementaire du
Conseil de l'Europe pour le suivi de la Turquie. «Nous
exhortons les autorités turques à exécuter cet arrêt et à libérer immédiatement
Osman Kavala, qui est détenu depuis le 18 octobre 2017», y écrivent les deux
rapporteurs, le Suédois Thomas Hammarberg et le Britannique John Howell, ainsi
que le rapporteur général du Conseil de l'Europe sur la situation des
défenseurs des droits humains, la Française Alexandra Louis.
En libérant Osman Kavala,
personnalité connue des cercles intellectuels en Europe, les autorités turques
respecteraient leurs obligations légales et humanitaires mais «enverraient
aussi le bon signal à la société civile turque, un signal attendu depuis
longtemps»,
estiment les parlementaires. Une libération selon eux d'autant plus importante
que le détenu est exposé au Covid-19 et a été exclu, comme les autres
prisonniers d'opinion, des libérations anticipées liées à la pandémie.
Homme d'affaires et
philanthrope, Osman Kavala est devenu le symbole de la répression orchestrée
contre la société civile en Turquie, en particulier depuis une tentative de
putsch en 2016 suivie de purges massives. En décembre dernier, la CEDH, le bras
judiciaire du Conseil de l'Europe, dont la Turquie est membre, avait exigé la «libération
immédiate»
du mécène, mais les tribunaux turcs avaient décidé de le maintenir en
détention. «Il est établi au-delà de (tout) doute
raisonnable que les mesures» prises à son encontre visaient à «réduire
M. Kavala au silence et avec lui tous les défenseurs des droits de l'homme»,
avait jugé la CEDH.
Accusé d'avoir financé
les manifestations de 2013 contre l'actuel président turc Recep Tayyip Erdogan,
Osman Kavala a été acquitté au mois de février mais avant même de pouvoir
quitter la prison où il était incarcéré depuis plus de deux ans, il a été placé
en garde à vue dans le cadre d'une autre enquête, portant celle-là sur la
tentative de coup d'Etat de juillet 2016.