Les femmes de Daech sur les traces des Frères
Sarah Rashad
Les juristes musulmans ont tiré des textes
coraniques la signification du terme « allégeance ». Ils l’ont défini en
Islam comme étant « un rapport
basé sur l’engagement et l'obéissance ». Ils se sont référés au noble
verset coranique, dans lequel Allah s’adresse à son prophète : « Ceux qui te prêtent serment d’allégeance
prêtent allégeance à Allah et la main d’Allah est au-dessus de leurs mains
». Ce verset a été révélé lorsque les musulmans ont prêté serment au Prophète,
paix soit sur lui, hommes, femmes et enfants.
Le serment d’allégeance n’était pas appliqué
seulement à l'époque du Prophète. Il était également en viguer sous les califes
bien guidés et leurs successeurs, avec cependant une différence profonde à
savoir que les femmes en étaient exclues, alors que le Prophète a reconnu le
serment d'allégeance des femmes conformément au verset « Prends leur le serment d’allégeance et
demande pardon pour elles, Allah est Pardonneur et Miséricordieux ». En
dépit de ce verset, le serment d’allégeance des femmes a cessé d’exister sous
prétexte que celui fait au Prophète était un serment religieux alors que celui
fait aux dirigeants est un serment politioque.
Cette mauvaise compréhension du serment
d'allégeance était un plateau en or sur lequel les groupes islamistes ont
présenté leur projet totalitaire. Les femmes en ont de tout temps été exclues,
malgré le souci des Frères musulmane de se présenter comme un groupe « plus ouvert » comparé aux autres
groupes islamistes.
D'autres organisations terroristes comme
Daech, Al-Qaida, Al-Takfir wal Hidjra, le Jihad et autres ont également exclu
les femmes de ce concept, alors que la Gamaa
islamya et les salafistes n’exigent aucun serment d’allégeance, ni aux
femmes ni aux hommes. Leur logique est que la confiance fait office de serment
d’allégeance, car il n’est pas requis que celle-ci soit écrite ou exprimée
oralement.
L’absence de tout rôle féminin au sein de la Gamaa Islamya est du à la conviction
du groupe que les femmes ont toujours joué un rôle inférieur à celui des hommes
dans la société islamique depuis ses débuts. Par conséquent, le groupe n’a
jamais accordé de rôle aux femmes, se contentant de les représenter par leurs
maris.
Idem pour les Salafistes qui trouvent que les
femmes ont un rang inférieur aux hommes.
Tous ces groupes islamistes ont une
conception très proche du rôle de la femme et du serment d’allégeance.
L'organisation du Jihad crée en Egypte par
Sayed Imam et Ayman Al-Zawahiri, a cessé dans les années 1980 de demander le
serment d’allégeance à ses membres, car beaucoup de chefs spirituels que le
groupe considérait comme digne de ce serment ont été arrêtés.
Quant à Daech et Al-Qaïda, instigateurs du
terrorisme international, leur conception est très proche des autres groupes
islamistes radicaux. Ils portent un regard d'infériorité sur les femmes. Ils
sont attachés au serment d’allégeance dans le seul but de proclamer le califat
islamique, ne le demandent pas aux femmes mais se contentent de le réclamer à
leurs maris.