Dialectique de l’islam et du libéralisme en Indonésie
Islam Mohammad
En 1945, au lendemain de
l’indépendance du pays, le président indonésien Ahmad Sukarno annonça une
nouvelle philosophie dans le cadre de la « Charte de Jakarta »,
comprenant, outre le renoncement au projet d’application de la charia, cinq
principes (Pancasila) : la foi en Dieu, l’unité de l’Indonésie, une
humanité juste et civilisée, la démocratie régie par la sagesse et la justice
sociale.
Et bien que ces principes
aient dû faire face au début à l’opposition de certains groupes islamiques
comme le Parti de la libération, qui y voyaient une atteinte à l’identité
islamique du pays, leur opposition diminua avec le temps. Et après la mise à
l’écart de Sukarno en 1967, la Pancasila se diffusa plus largement encore, et gagna
le soutien des chefs des grandes associations islamiques, comme l’Association
Renaissance des oulémas de l’Indonésie.
Aujourd’hui, l’un des cadres de cette Association, Ilman
Mohammad Abdel Haqq, affirme que le libéralisme s’est répandu en Indonésie
durant les années quatre-vingts, grâce à des penseurs comme Nour Khales Majed.
Abdel Haqq ajoute que l’Occident voit le Moyen-Orient comme le seul
représentant de l’islam, et ignore l’énorme bloc humain musulman de l’Asie du
sud-est, et c’est pourquoi les dirigeants musulmans d’Indonésie ont œuvré à
présenter un islam fondé sur la tolérance. Et de poursuivre que les deux
modèles connus sous les noms d’ « islam Nusantara » et
« d’islam progressiste » reflètent cet esprit visant à donner une
image modérée de l’islam à l’extérieur, sans pour autant perdre ses principes
de base ni être submergé par la mondialisation occidentale.