L’appareil spécial d’al-Nahda: un dossier qui réapparaît à chaque fois que le mouvement cherche à le fermer
La scène politique tunisienne connaît actuellement la même atmosphère qui prévalait en 2013, lors des assassinats de l’avocat Choukri Belaïd et de
l’opposant Mohammad al-Brahimi, si l’on considère les accusations de mécréance portées contre la députée au Parlement et présidente du Parti destourien libre Abir Moussa.
Des associations tunisiennes ont ainsi annoncé leur rejet de ces accusations visant les croyances de la députée hostile à al-Nahda et au courant islamiste en général, affirmant leur crainte qu’elles ne préparent la voie à sa liquidation.
Dans ce contexte, l’Observatoire national de la défense de l’Etat civil à Tunis a demandé au ministre tunisien de l’Intérieur Hicham al-Machichi de protéger Moussa et tout citoyen menacé de meurtre ou de mauvais traitements, appelant le Parquet général à surveiller tous ceux dont émanent de telles accusations.
La motion déposée par la députée a rouvert le dossier de « l’appareil secret » d’al-Nahda et de sa liquidation de ses opposants, le mouvement ayant vécu en 2019 des moments difficiles, suite à l’accusation portée contre lui par le Comité de défense des opposants assassinés Choukri Belaïd et Mohammad al-Brahimi d’être impliqué dans ces assassinats.
Notons que l’ « appareil secret » fait allusion à l’implication du groupe des Frères en Egypte dans la création d’un tel appareil chargé de la liquidation de leurs opposants.
Suite à cela, al-Nahda a subi une crise grave en 2019 l’empêchant de présenter un candidat aux dernières élections présidentielles.
Malgré le fait qu’al-Nahda soit parvenue à fermer le dossier de son appareil secret suite à des tractations politiques, des voix continuent de demander la réouverture du dossier et de révéler si al-Nahda a joué un rôle dans les assassinats de Belaïd et al-Brahimi.
Quant à l’activiste tunisien Qays Benyahmed, il a affirmé que ce dossier continuerait à peser sur le mouvement frériste, même s’il restait fermé pendant des années, et que les islamistes représentaient en Tunisie une menace plus grave que dans tout autre pays de la région.
Il a mis en garde contre la répétition du scénario de liquidation avec l’opposante Abir Moussa, en en rendant responsable les institutions de l’Etat tunisien contrôlées par al-Nahda.