État d'urgence sanitaire prolongé en France : les principales mesures
Responsabilité des acteurs publics et privés en vue du déconfinement,
fichier de suivi des malades et isolement... Voici les principales mesures du
projet de loi prorogeant l’état d’urgence sanitaire face au coronavirus adopté
ce samedi par le Parlement.
En vigueur jusqu'au 10 juillet
L’état
d’urgence sanitaire qui est entré en vigueur le 24 mars pour deux mois, donnant
au gouvernement des moyens exceptionnels pour combattre l’épidémie, est prorogé
jusqu’au 10 juillet inclus.
Le
texte prend en compte en outre "les enjeux du déconfinement" qui
débute lundi. Une éventuelle nouvelle prolongation devra de nouveau passer par
le Parlement.
Responsabilité des maires et des employeurs
Le
compromis finalisé en commission mixte paritaire samedi précise les conditions
dans lesquelles peut être engagée la responsabilité pénale des maires et
employeurs pendant l’état d’urgence sanitaire. Il doit être tenu compte, non
seulement "des compétences, du pouvoir et des moyens" dont disposait
l’auteur des faits, acteur public ou privé, mais aussi de "la nature de
ses missions ou de ses fonctions".
Cette
disposition vise en particulier à protéger les maires "chargés de la mise
en oeuvre de décisions qui leur sont imposées" par le gouvernement, selon
l’exposé des motifs du compromis proposé par le rapporteur du Sénat Philippe
Bas (LR).
Un système de traçage sans StopCovid mais sans
consentement
Le
texte permet la création par décret en Conseil d’État d’un système
d’information, en lien avec l’Assurance maladie, "destiné à identifier des
personnes infectées" et "à collecter des informations "sur les
personnes ayant été en contact avec elles, afin de casser la chaîne de
contamination.
Sans
rapport avec l’application controversée StopCovid, qui n’est pas prête, ce
système permet le traitement et le partage de données personnelles concernant
la santé, y compris sans le consentement de la personne intéressée.
Des
"brigades", notamment agents de la Sécu, seront chargées de faire
remonter la liste des cas contacts.
Les
parlementaires ont créé une instance de contrôle et prévu que la dérogation au
secret médical soit limitée aux données concernant l’infection par le virus.
Ils ont limité à trois mois la durée de leur sauvegarde.
Une quarantaine limitée
Des
mesures de mise en quarantaine à titre préventif et de placement à l’isolement
pour les malades sont prévues pour les personnes qui, "ayant séjourné au
cours du mois précédent dans une zone de circulation de l’infection",
arrivent dans l’Hexagone, en Corse et dans les territoires d’Outre-mer.
Ces
mesures, dont la durée initiale ne peut excéder 14 jours, peuvent faire l’objet
d’un recours devant le juge des libertés et de la détention.
L’Élysée
a exclu l’application de ces dispositions aux voyageurs en provenance de
l’Union européenne, de l’Espace Schengen ou du Royaume-Uni, quelle que soit
leur nationalité.
Les
parlementaires ont explicitement prévu que les conjoints et enfants victimes de
violences au sein de la famille ne peuvent être placés en quarantaine ou à
l’isolement au même domicile que l’auteur des violences.