Des efforts pour couper le bras des Frères musulmans en Mauritanie
Doaa Imam
Lors de sa
première conférence de presse après les élections municipales, le président
mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz, a évoqué « le rôle destructeur
des Frères musulmans dans les pays arabes », mettant en garde le peuple
mauritanien contre le danger de « suivre les faux slogans religieux
». « C’est à cause des Frères qu’Israël est aujourd’hui dans une
situation confortable. La raison en est que plusieurs pays arabes sont occupés
par la lutte contre le terrorisme de la Confrérie », a affirmé Ould Abdel
Aziz..
Après le recul aux
élections municipales du parti du Rassemblement national pour la réforme et le
développement (Tawassol), bras politique des Frères musulmans, en Mauritanie,
qui a remporté 14 sièges aux dernières élections législatives (contre 16 aux
élections de 2013), le président mauritanien a laissé entendre que des mesures
seraient prises contre ce parti rejeté par la population. Il a ajouté que son
pays ne permettrait pas l'instrumentalisation de la religion à des fins
politiques, et n’autoriserait pas un groupe ou une faction à monopoliser la
religion. « L’Islam appartient au peuple mauritanien dans son ensemble,
et non pas à un parti en particulier», a dit le chef de l’Etat mauritanien.
Ces déclarations
ont créé un état de confusion au sein du parti frériste dont les dirigeants ont
tenu une conférence de presse le lendemain pour répondre aux propos d’Ould
Abdel Aziz, et inviter les partis d'opposition à adopter une vision commune,
avant les élections présidentielles de 2019.
Hassan Al-Bembari,
chercheur au Centre mauritanien des recherches humaines, explique que les
Frères mauritaniens sont aujourd’hui appelés à remodeler leur projet politique
loin de la Confrérie mère, soulignant que les récentes évolutions ont montré
que le projet unifié des Frères musulmans ne fonctionnera pas, surtout qu’ils
ont été mis à l’épreuve et n’ont pas réussi. Leur slogan « L’Islam est
la solution » s’est avéré être superficiel.
Rappelons que le président du parti
Tawassol, Mohamed Mahmoud Ould Sidi, avait reçu plusieurs dirigeants de premier
plan d’Al-Qaïda lors d'un iftar dans un hôtel de Nouakchott au mois de Ramadan
dernier.