Le Hezbollah et le conflit syrien
Ahmed Sami Abdel
Fattah
Depuis 2011, le
Hezbollah libanais est engagé dans le conflit armé en Syrie au côté du régime
de Bachar Al-Assad. Il a progressivement élargi son champ d’action notamment au
début du conflit profitant du recul du régime face à l'opposition armée.
L’engagement du
Hezbollah dans le conflit syrien est dicté par des considérations idéologiques
et doctrinales qui l’ont incité à soutenir le régime syrien. Il y a également
des considérations d’ordre militaire qui se rapportent à sa volonté de
maintenir ses lignes d’approvisionnement en armes iraniennes qui transitent par
la Syrie. Sans compter les privilèges militaires fournis par le régime syrien
comme les camps d'entraînement frontaliers utilisés par l'organisation pour
développer ses capacités.
L'intervention du
Hezbollah en Syrie reflète un changement au niveau des stratégies de défense
adoptées par le mouvement pro-iranien. Après avoir décidé de rester au
sud-Liban et de surveiller les mouvements d'Israël à la frontière, le Hezbollah
a adopté une stratégie offensive. Il a notamment lancé plusieurs opérations
militaires audacieuses au-delà des frontières de l'Etat libanais, afin de
neutraliser toute menace externe qui pourrait avoir une incidence sur ses
capacités.
En dépit des
réactions négatives sur la scène régionale et internationale provoquées par
l'intervention militaire du Hezbollah en Syrie, les grandes puissances qui lui
sont opposées ont observé le silence, souhaitant sans doute qu’il s’affaiblisse
militairement et moralement.
Les motifs de
l'engagement militaire
Depuis le début,
le Liban a pris ses distances avec le conflit syrien pour éviter ses
répercussions sur la scène interne. Il a compris que toute position adoptée au
sujet de la guerre en Syrie susciterait la colère des parties internes et
externes. Cette politique de neutralité n’a pas empêché le Hezbollah
d'interférer dans les affaires des pays voisins. Son engagement en Syrie,
essentiellement militaire, visait à garantir son approvisionnement en armes
iraniennes qui transitent par la Syrie. La chute du régime syrien
représenterait donc un revers militaire pour le Hezbollah.
Le mouvement
serait assiégé militairement si le régime de Bachar Al-Assad disparaissait ou
était remplacé par un régime hostile. D’où la décision du mouvement de faire la
guerre pour la première fois hors du territoire libanais en dépit des risques.
Nous constatons
que le Hezbollah a concentré ses activités dans les zones frontalières
libanaises proches pour assurer la protection des armes en provenance d’Iran.
Il s’est engagé dans une âpre lutte contre l'opposition syrienne dans la ville
de Zabadani à 11 kilomètres de la frontière syro-libanaise non seulement en
raison de son importance stratégique, mais aussi pour assurer la sécurité de la
capitale syrienne Damas, et utiliser ses tunnels secrets dans le transfert des
armes vers ses casernes militaires dans la vallée de la Bekaa. Il n’est pas un
secret que le Hezbollah veut créer une zone militaire d'influence à l'intérieur
du territoire syrien parallèlement à sa zone d’influence au Liban, afin de
maintenir les activités jihadistes à l’écart des villages frontaliers chiites.
Tous ces motifs sectaires ont joué un
rôle dans la décision du mouvement de s’engager militairement dans le conflit
syrien. Il y a aussi des motifs religieux comme la protection du mausolée de
Sayeda Zeinab à Damas, chose nécessaire pour relever le moral des soldats
surtout après le changement de cap en ciblant l’opposition syrienne et non pas Israël.