Marion Van Renterghem : Le match Macron-Merkel dans la crise du coronavirus
Pour notre chroniqueuse, le Président français et la
chancelière allemande incarnent le décalage entre les deux pays, aggravé par
l'épidémie de Covid-19.
Jusqu'aux premiers jours de ce printemps
2020, le ralentissement de la croissance
allemande occupait encore les
discussions politiques. Les Français le regrettaient d'un air désolé. Ils
dissimulaient cette joie inavouable et vaguement perverse que les jaloux
éprouvent à observer le malheur d'autrui, à laquelle nos voisins ont apposé le
joli nom de Schadenfreude. Les
journaux français se défoulaient en gros titres sur la mauvaise santé de
l'économie outre-Rhin, sa "chute", sa "panne" imminente, la
fin d'une décennie de croissance insolente. L'Allemagne de 2019 était-elle en
train de redevenir "l'homme malade de l'Europe" ? Pauvres Allemands. On les
plaignait.
Idem avec Angela Merkel. Combien de fois n'a-t-on pas annoncé la fin de règne de
la chancelière, son usure, son "mandat de trop", voire sa démission
éventuelle ? Résultat : quatre réélections, bientôt quinze ans de pouvoir, une
popularité avoisinant les 80%. De quoi arrêter net les larmes de crocodile. La
première puissance européenne nous avait habitués
à sa supériorité économique. Cette crise a l'impolitesse de nous révéler
qu'elle nous surpasse aussi dans un domaine où nous pensions avoir l'avantage :
l'Etat social. Notre fierté française, notre totem à nous, notre mythe.