Crise en Libye : le maréchal Haftar dans l’impasse ?
En
difficulté militairement, Khalifa Haftar s’est autoproclamé seul dirigeant de
la Libye lors d’une allocution télévisée, le 27 avril. Un coup de bluff qui
semble avoir fait flop, aussi bien à l’étranger que dans le pays.
En
soixante-douze heures, Khalifa Haftar s’est déclaré vainqueur du jeu de poker
libyen, avant d’y mettre fin lui-même. L’homme fort de l’est du pays s’est
auto-promu, le 27 avril, seul dirigeant de la Libye, répondant ainsi à « la
volonté du peuple », et annonçant au passage le transfert de tous les pouvoirs
à son autoproclamée Armée nationale libyenne (ANL).
Actant
la mort de l’accord de Skhirat du 17 décembre 2015, le maréchal a décrété
caducs les organes politiques associés : le gouvernement d’union nationale
(GUN) de son ennemi Fayez
al-Sarraj et le Haut Conseil
suprême (l’équivalent d’une chambre haute législative) installés à Tripoli,
ainsi que l’Assemblée du peuple (chambre basse), basée à Tobrouk, à qui il doit
pourtant son grade militaire. Dans la nuit de mercredi à jeudi, le militaire de
77 ans s’est empressé de proposer une trêve dans la bataille de Tripoli, qu’il
avait lui-même lancée le 4 avril 2019.
Improvisation
Malgré
le premier verset de la sourate 48 du Coran – « Nous t’avons accordé une
victoire éclatante » – se référant à l’entrée triomphante des hommes du
Prophète à La Mecque, soigneusement calligraphiée derrière le pupitre de Haftar
lundi, son discours n’a en rien été performatif. Les institutions politiques
sont toujours en place et deux civils sont morts samedi sous des tirs venant de
l’ANL après le refus de la trêve par Tripoli.