En Irak et en Syrie, le groupe Etat islamique bénéficie de la confusion et du désengagement occidental
Par son ampleur, l’attaque est sans précédent
depuis de longs mois. Vendredi 1er mai, l’organisation Etat
islamique (EI) a mené un assaut coordonné contre plusieurs barrages des unités
de la Mobilisation populaire (MP) irakienne, une force gouvernementale dominée
par les milices chiites, près de Samarra, à 100 kilomètres au nord de
Bagdad. Les combats, qui ont duré plusieurs heures et nécessité l’envoi de
renforts, ont fait dix morts au sein de la MP.
Ces attaques en Irak interviennent alors
qu’une nouvelle mutinerie a éclaté, dimanche 3 mai, dans une prison
d’Hassaké, dans le nord-est de la Syrie, où sont détenus des membres étrangers
de l’EI, tombés entre les mains des Forces démocratiques syriennes (FDS), à
dominante kurde. Dans les deux pays, la survivance du groupe dans des replis de
son ancien territoire lui a permis de maintenir une partie de son influence en
attendant que les données de l’équation régionale évoluent en sa faveur. La montée des tensions entre l’Iran
et les Etats-Unis en Irak,
ainsi que les conséquences de l’épidémie de Covid-19, pourraient déjà lui avoir
offert un environnement un peu moins hostile.
Depuis le début du mois du ramadan, l’Irak
est ainsi confronté à une vague d’attaques rarement observée depuis la chute, en 2017, du
« califat » autoproclamé dans le pays. Après la perte de ses
territoires, le groupe djihadiste avait reconstitué des cellules dans les zones
libérées. Quelque 2 500 à 3 000 hommes, selon les estimations,
étendent leur ancrage local. Des combattants revenus de Syrie, infiltrés par la
frontière poreuse qui court sur plus de 600 kilomètres à travers le
désert, sont venus gonfler leurs rangs.
Depuis la fin mars, un regain notable
d’activité de ces cellules est observé dans les zones où elles sont les plus
ancrées : dans la province de l’Anbar, le long de la frontière avec la
Jordanie et la Syrie, et surtout dans le nord-est du pays, dans un corridor qui
s’étend de la province de Ninive jusqu’à celle de Diyala, en passant par
Kirkouk. Selon le porte-parole de la coalition internationale de lutte anti-EI,
le colonel Myles Caggins, si le nombre d’attaques est en progression depuis le
début de l’année, il restait en avril encore inférieur au nombre des attaques
observées sur la même période en 2019.