Publié par CEMO Centre - Paris
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Déconfinement: les départements seront rouges ou verts selon ces trois indicateurs

mardi 28/avril/2020 - 11:01
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Alors, rouge ou vert ? Édouard Philippe l’a annoncé lors de son discours à l’Assemblée nationale le 27 avril, le déconfinement sera apprécié département par département à partir du 11 mai.

Le choix des heureux élus libérés de la plupart des contraintes du confinement ne devra rien au hasard, mais se fera en fonction de trois critères, évalués le 7 mai, comme l’a énoncé le Premier ministre: le nombre de nouveaux cas par jour, les capacités hospitalières locales, et le bon fonctionnement du système de détection. Voici ce que ces indicateurs veulent dire, et pourquoi ils sont le bon baromètre de l’épidémie près de chez vous. 

Ne pas faire remonter le R0, la priorité

C’est d’abord le plus évident des signaux qui sera pris en compte: le nombre de personnes nouvellement diagnostiquées chaque jour dans un même département. Derrière ce chiffre souvent utilisé pour mesurer la progression de l’épidémie au niveau national et mondial, se cache le taux de reproduction du virus, le fameux R0 vulgarisé par la pandémie, et expliqué dans la vidéo ci-dessous.

Si un nombre croissant de personnes est contaminé chaque jour, cela signifie que chaque personne infectée contamine à son tour plus d’un individu. Le R0 est alors supérieur à 1: c’est la dynamique que le gouvernement veut à tout prix éviter au moment du déconfinement. 

Dans son discours, Édouard Philippe mentionnait la barre des 3000 nouveaux cas quotidiens à ne pas franchir à l’horizon du 11 mai, afin de ne pas remettre en question les dates et la stratégie du déconfinement. Un chiffre en ligne avec le R0 national actuel d’environ 0,5; il était à plus de 3 avant le confinement. La maladie est par conséquent, en France, moins transmise jour après jour. Pour être “vert”, donc partiellement déconfiné, un département devra s’inscrire dans cette tendance; cela signifierait sinon ouvrir les frontières d’un nouveau foyer épidémique.

Le spectre d’une nouvelle surcharge hospitalière

Le second indicateur concerne les cas graves en particulier, et la pression qu’ils exercent sur les maillages hospitaliers locaux. Depuis le début de l’épidémie en France, la question du nombre de lits disponibles pour les malades du Covid, et tout spécialement dans les services de réanimation, est l’une des préoccupations majeures du gouvernement comme de l’opposition.

Avant la déferlante du Covid-19, il y avait 5000 lits à disposition dans l’ensemble des services de réanimation. Un chiffre que le ministère de la Santé a annoncé vouloir faire passer à 12000, puis à 14000 durant le mois de mars, devant le manque de places disponibles, en particulier dans le Grand Est et en Île-de-France. La pénurie de respirateurs dans les établissements hospitaliers est depuis plusieurs semaines le facteur limitant de ce nombre de places.

Sur ce point plus encore qu’avec les autres indicateurs, les départements ne sont pas sur la même ligne de départ, y compris à l’intérieur d’une même région. Début avril en Auvergne-Rhône-Alpes, par exemple, il y avait seulement 17 patients hospitalisés atteints du Covid en Haute-Loire, contre 1114 dans le Rhône, à 50 kilomètres de là: soit un taux d’occupation des lits en réanimation de respectivement moins de 50% et plus de 100% au sein d’une même région.

L’indispensable traçage  

Le dernier critère pris en compte est sans doute le plus difficile à estimer jusqu’au jour J: ce qu’Édouard Philippe a décrit comme comme le “système local de tests et de détection” est encore en phase de mise en place. Il s’agit bien sûr de s’assurer que les 700.0000 tests hebdomadaires promis seront disponibles sur tout le territoire, pour que les autorités de santé puisse couper, partout, toutes les reprises potentielles de l’épidémie.

La partie traçage des contacts est une machinerie à mettre en place dont le Premier ministre n’a pour l’instant qu’esquissé des contours, mais plusieurs milliers de personnes devraient dans les mois qui viennent faire un travail d’enquête sur chaque individu nouvellement infecté. Objectif: retrouver toutes les personnes avec qui il a pu être contact, en leur transmettant éventuellement le virus… faisant alors remonter le fameux et redoutable R0 évoqué plus haut. 

À travers ces trois indicateurs se lit donc la volonté de couvrir tous les aspects de l’épidémie, y compris ceux qui ont pris de cours le gouvernement lorsque l’épidémie s’est déclarée en France: un nombre de cas maîtrisé localement, des services hospitaliers prêts à faire face à un nouvel afflux de malades, et une organisation en place pour les mois à venir.

Derrière ces précautions qui décideront de la couleur de votre département, il y a bien sûr la peur de la “deuxième vague”, expliquée dans la vidéo ci-dessus. Si le déconfinement n’était pas maîtrisé, les prophéties d’une nouvelle envolée du nombre de cas risquent en effet de se confirmer, un scénario du pire que le gouvernement veut à tout prix éviter.

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