Accord de Sotchi ... l’opportunisme d’Ankara
Sarah Rachad
Le sort de Hay’et
Tahrir Al-Cham (l’organisation de libération du Levant), la plus grande
faction terroriste en Syrie, est la priorité des présidents russe et turc,
Vladimir Poutine et Recep Tayyip Erdogan. Les deux chefs d’Etat ont conclu le
18 septembre un accord sur la ville syrienne d’Idleb. L'accord stipule la mise
en place d'une zone tampon démilitarisée, d’une profondeur de 15 à 20
kilomètres, entre le nord et le sud d’Idleb pour séparer les forces du régime
syrien des factions armées, alors que ces dernières jetteront leurs armes lourdes,
et ce avant le 15 octobre.
Bien que l'accord
ne porte pas spécifiquement sur l’organisation de libération du Levant (OLL),
celle-ci paraît tout de même concernée, étant donné qu’elle constitue la plus
grande faction rebelle en Syrie et la mieux organisée. Elle contrôle plus de
60% de la ville d’Idleb. Et la mise en place de la zone tampon affectera
principalement ses zones d'influence.
Depuis la
conclusion de l'accord, l’organisation a fait savoir qu’elle refuserait de
déposer les armes ou de quitter la ville. Face à cette position franche, la
Turquie a fait le pari de convaincre l’organisation d'accepter l’accord avant
la date butoir du 15 octobre.
La Turquie tente
depuis plus de deux mois d’empêcher l'entrée du régime syrien à Idleb, encore
sous le contrôle des factions. Si Ankara perd Idleb elle risque de perdre aussi
sa dernière carte sur la scène syrienne.
Trois scénarios
sont possibles pour la Turquie. Le premier est de mobiliser ses partisans à
Idleb, à savoir le groupe Ahrar Al-Sham et l'Armée syrienne libre, pour
affronter l'organisation de libération du Levant (OLL) et la démanteler.
Le deuxième
scénario consiste à tenter de créer des divisions au sein de l’OLL. Quant au
troisième et dernier scénario, il consiste à lancer une opération militaire
comme les opérations « Rameau d'olivier » et « Bouclier de l’Euphrate »
qu’Ankara avait lancées l'année dernière et au début de cette année, pour
briser le rêve Kurde de créer un Etat à la frontière turco-syrienne.
Il est à noter que la Turquie craint
que les terroristes ne perdent la ville d’Idleb car leur présence dans la ville
écarte le danger kurde.