Être prêt à toutes les éventualités, surtout face à un mal aussi imprévisible. C'est ce à quoi travaille l'exécutif, conscient qu'une deuxième vague d'épidémie de Covid-19 en France sera difficile à éviter. Elle a déjà eu lieu dans plusieurs pays asiatiques comme la Chine ou Singapour.
Le coronavirus est donc là pour rester et les autorités, qui s'activent pour organiser un déconfinement progressif à compter du 11 mai, envisagent différents scénarios où les restrictions entreraient à nouveau en vigueur. La piste a été évoquée par la porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye, citée par Le Monde ce mercredi.
"L’objectif est que le système sanitaire soit en capacité de supporter le déconfinement mais aussi que les Français apprennent à vivre avec le virus", y déclare-t-elle.
Et d'aborder l'épineuse question du "reconfinement", affirmant que "cela fait partie des hypothèses, notamment si des clusters se développent dans certains territoires".
Éviter un "retour trop précipité"
Cette piste est bien évoquée dans l'entourage du président de la République. Il s'agit là d'une forme de "en même temps" qui recèle une partie de la stratégie gouvernementale. Un "stop and go" - une alternance de périodes de confinement et de déconfinement - qui ne dit pas son nom.
"Notre vie, à partir du 11 mai, ce ne sera pas la vie d'avant le confinement", avait prévenu Édouard Philippe lors de son point presse de dimanche. Le Premier ministre a encore une dizaine de jours pour préparer son plan détaillé pour la suite. Ce sera un moment crucial, d'où la pression politique décuplée qui repose sur les épaules du locataire de Matignon.
Si les contours du déconfinement se dessinent petit à petit (écoles, régions, cafés et restaurants, cultes...), la possibilité d'un autre tour de vis émerge également selon des échos relayés par plusieurs médias. Ce qui ne trancherait pas nécessairement avec le discours de l'exécutif, très prudent sur le sujet en raison des aléas épidémiologiques liés au virus et de ses conséquences sur le système hospitalier.
Lors de son déplacement dans un Super U dans le Finistère, Emmanuel Macron a continué d'afficher cette prudence. "Il faut avoir des caps réguliers et être très prudent à chacun de ces caps, car on a pas envie de faire des étapes en arrière", a-t-il déclaré. "Ça s'améliore tout doucement, c'est le fruit de l'effort inédit demandé à la nation. Il ne faut pas remettre en cause cet effort par un retour trop précipité (à la normale)."
"S'il faut interdire, on interdira"
Face aux représentants des cultes, réunis mardi en visioconférence par le chef de l'État, ce dernier a distillé un message on ne peut plus clair, relayé par Le Parisien: "La pire des choses serait de rouvrir trop vite, trop fort et d'être ensuite amené à refermer". À Saint-Pol-de-Léon mercredi, Emmanuel Macron avait enjoint l'ensemble des Français à la même prudence:
"C'est vrai qu'il y aura peut-être, sur certains sujets, des étapes qui pourront se passer plus vite dans les endroits où le virus ne s'est pas répandu", a-t-il déclaré, invitant néanmoins chacun à "garder tout ce qu'on a appris à faire, tant que le virus tourne dans le pays".
Un proche d'Édouard Philippe annonce plus clairement la couleur:
"Est-ce qu’on va interdire les transports inter-régionaux, les déplacements entre régions? Non. Mais l’offre pourra être modulée. Il n’y aura pas 100% de transports le 11 mai."
En d'autres termes, le gouvernement compte inciter les Français à se déplacer moins, malgré la charge symbolique libératrice que comporte le déconfinement. "S’il faut interdire, on interdira" va jusqu'à menacer un conseiller du pouvoir.