Un retour à l’école en septembre, la grande inquiétude des parents LeFigaro.fr
Une réouverture des écoles en septembre? Si ce n’est «pas le scénario principal», selon le ministre de l’Éducation, c’est pourtant celui vers lequel la France pourrait se diriger. Un coup de massue pour les familles, confinées depuis un mois. L’exécutif a-t-il pris une décision? Rien n’est moins sûr dans cette crise où il avance à l’aveugle. Les syndicats d’enseignants, eux, ne croient d’ores et déjà pas à une reprise en mai ou en juin. «Si l’on en venait à déconfiner en maintenant les règles de distanciation sociale et les gestes barrières, ce serait impossible à appliquer dans les établissements scolaires», estime Jean-Rémi Girard, au Snalc, alors que Jean-Michel Blanquer a émis, entre autres hypothèses, celle de faire venir certains élèves le matin et d’autres l’après-midi. Pourrait-on fournir, chaque jour, des masques à 10 millions d’élèves et un million de personnels? Les collectivités seraient-elles en mesure de procéder à la désinfection des locaux? Et que dire des écoles primaires, où les enfants jouent beaucoup ensemble? «Je crois de moins en moins à une reprise avant septembre, explique Philippe Vincent, patron des personnels de direction (SNPDEN) à l’Unsa. Il faudra nous le dire assez vite pour que l’on puisse s’organiser», ajoute-t-il.
«Continuité pédagogique»
Mais faut-il en parler officiellement et dès maintenant aux familles? «L’exécutif va devoir être très habile pour faire face à la dépression nationale, observe Rodrigo Arenas, à la FCPE, première fédération de parents. Car beaucoup ont en tête la date du 4 mai, donnée il y a trois semaines par le ministre», assure-t-il. Ce n’est pas le cas de Sophie, cadre dans le tourisme et mère de deux enfants de 8 et 11 ans. «L’année scolaire est terminée, mais je préfère ne pas y penser tout de suite», confie-t-elle. Les devoirs, la «continuité pédagogique», le télétravail et la vie domestique lui donnent le tournis. «S’il n’y a pas d’école et que l’on ne peut pas partir en vacances, les enfants vont être ingérables, poursuit-elle. Ils bouillonnent déjà. Les écrans les rendent encore plus nerveux. Mon fils aîné ne veut plus mettre le nez dehors parce qu’il a peur du coronavirus.» Et si son entreprise revenait, à plus ou moins court terme, à une activité «en présentiel», elle serait contrainte de rester en télétravail. «Pas sûr qu’ils apprécient», lâche-t-elle. «Il faut arrêter le sadisme!» s’emballe Rodrigo Arenas, évoquant les récents propos de la secrétaire d’État à l’Économie et du Medef invitant à «travailler plus». «Certains salaires ont baissé. Pour les familles moyennes, ça va commencer à être difficile.»
À la Peep, deuxième fédération de parents, Hubert Salaün constate une forte baisse de moral dans les familles. «Beaucoup sont épuisées. C’est inquiétant. Si les élèves de CM2 n’ont pas vu la division, nous nous en remettrons. Mais si les enfants et les parents souffrent, la société sera difficile à reconstruire», résume-t-il. Il appelle l’Éducation nationale à définir clairement la «continuité pédagogique», pour ne pas «trop mettre la pression».
Outre cette «continuité pédagogique», c’est le défi du suivi psychologique des élèves que les directeurs d’école doivent souvent relever. Cas d’enfants qui devaient être placés par l’Aide sociale à l’enfance et ne l’ont pas été en raison du confinement, suspicions de maltraitance, familles «ordinaires» au bord de la crise de nerfs… «Un retour à l’école début juin serait évidemment souhaitable pour tout le monde», conclut Francette Popineau, au Snuipp, le syndicat du primaire.