Afghanistan: les talibans annoncent une première libération de prisonniers
Les talibans afghans s'apprêtent dimanche à relâcher 20 prisonniers, une avancée importante dans le processus inédit de négociations avec les autorités afghanes, que les insurgés avaient quitté la semaine précédente.
Une fois effectives, ces libérations seront les premières de la part des talibans, dans le cadre d'un échange de prisonniers jusqu'ici ralenti par de nombreux désaccords, avec les autorités de Kaboul qui ont commencé à relâcher mercredi des talibans détenus.
Elles seront aussi une étape cruciale en vue de l'ouverture de négociations de paix entre Kaboul et les talibans dans ce pays ravagé par la guerre depuis 40 ans.
"Aujourd'hui 20 prisonniers, membres de l'administration de Kaboul, seront libérés par l’Emirat islamique d'Afghanistan", nom de l'Etat taliban durant leur règne sur le pays (1996-2001), a écrit dimanche sur Twitter un porte-parole du mouvement, Suhail Shaheen.
Il a précisé que les prisonniers seraient remis à des représentants du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) à Kandahar, grande ville du Sud afghan.
Les autorités afghanes avaient auparavant annoncé dimanche matin avoir libéré la veille 100 détenus talibans, s'ajoutant à 200 autres déjà relâchés dans la semaine.
- discussions "stériles" -
Cet échange fait suite à un accord signé en février au Qatar entre Washington et les talibans, mais pas ratifié par Kaboul. Il prévoyant entre autres la libération par les autorités afghanes de 5.000 talibans prisonniers contre celle de 1.000 membres des forces afghanes aux mains des insurgés, avant des négociations de paix "interafghanes".
Les libérations de part et d'autres ont longtemps été retardées par des différents entre les deux camps qui avaient entamé le 31 mars des négociations sur le sujet, les premiers pourparlers directs entre eux depuis que les talibans ont été chassés du pouvoir en 2001.
Les talibans accusent le gouvernement afghan de ralentir volontairement le processus d'échange, Kaboul leur reprochant de son côté de réclamer la libération de 15 de leurs commandants les plus hauts placés.
Les insurgés ont également jusqu'ici estimé "inacceptable" une libération au coup par coup des prisonniers par les autorités afghanes et avaient abandonné début avril les discussions, qualifiées de "stériles".
L'annonce de la libération par les talibans de premiers prisonniers fait aussi suite à une rencontre, vendredi soir, entre le commandant des forces américaines en Afghanistan et des dirigeants talibans au sujet d'une réduction des violences qui continuent malgré l'accord signé à Doha avec Washington.
Dans ce texte, les Etats-Unis ont promis un retrait des forces étrangères d'Afghanistan sous 14 mois, à condition que les talibans respectent des engagements sécuritaires et participent à des négociations de paix avec les autorités afghanes.
L'ouverture de ce dialogue “interafghan”, prévue le 10 mars, a été repoussée, notamment en raison des désaccords autour de la libération de prisonniers.
- 'Le processus n'a pas redémarré' -
L’étape franchie dimanche ne signifie cependant pas la reprise des discussions entre les deux camps.
"Le processus n'a pas redémarré, mais ceci est un geste de bonne volonté", a expliqué à l'AFP un porte-parole des talibans, Zabihullah Mujahid.
Javid Faisal, porte-parole du Conseil national de sécurité (NSC), un organe gouvernemental, a déclaré à l’AFP que les talibans "auraient dû débuter la libération de prisonniers plus tôt" et doivent accepter un cessez-le-feu.
