Le Centre de soufisme de Berlin… Les Allemands en présence des Naqchbandis
Nahla ‘Abdel Muneim
Dans l’une des rues du quartier de Schöneberg
au centre de la capitale allemande domine le bâtiment du Centre soufi ottoman
de Berlin, comme un témoignage vivant de l’accueil civilisé européen fait au
patrimoine oriental soufi.
A l’intérieur du Centre sont organisées
régulièrement des séances de dhikr (invocations de Dieu) soufi, des soirées
culturelles et des représentations théâtrales, et sont récités des vers de la
poésie de Jalaleddine Rumi, de Chamseddine at-Tabrizi et d’autres poètes
appréciés par les soufis du Vieux Continent.
D’autre part, le Centre est le siège
officiel des soufis de la confrérie Naqchbandiyya, non seulement au niveau de
la société allemande, mais pour tous ses adeptes en Europe. La Naqchbandiyya
est une voie soufie largement répandue au niveau mondial, et la plupart des
centres de soufisme allemands la pratiquent. Elle a été fondée par Bahaeddine Naqchband
al-Ouzbekistani, né en 1317.
Bien que la date exacte de fondation du
Centre ne soit pas connue, ses murs portent des témoignages de reconnaissance à
cheikh Nazem Izzeddine Haqqani qu’ils considèrent comme le père spirituel du
Centre. Haqqani est en effet l’une des pôles (qutb) du soufisme naqchbandi. Il
est né en 1922 à Larnaka (Chypre), et mort en 2014, à près de 92 ans.
Le Centre est connu à Berlin pour le
programme spirituel qu’il prépare de façon périodique pour déterminer les
activités quotidiennes et nocturnes pour ceux qui le fréquentent. C’est ainsi
qu’on y trouve des restaurants où le disciple peut boire un thé ou assister à
un colloque éducatif sur les Naqchbandis, et l’on peut participer à une séance
de méditation soufie, ou se balancer aux rythmes de cantiques qui apportent la
paix intérieure aux auditeurs. Une femme qui le fréquente régulièrement le
qualifie de « discothèque licite ».
Les activités du Centre soufi ottoman ne
se limitent pas aux programmes spirituels locaux, mais comprennent également
des voyages dans divers pays organisés par les responsables du Centre, ainsi
que l’accueil de rois et de familles régnantes.
Par ailleurs, l’influence du soufisme
ottoman et de ses traditions sur le Centre est connue, les sultans ottomans
s’étant laissé charmer par la spiritualité soufie, outre leur foi profonde dans
les prodiges des cheikhs et des derviches, comme cela a été montré par la
chercheuse Badia Abdel Al dans son livre : « La Naqchbandiyya, sa
naissance et son évolution chez les Turcs ».
Le Centre s’appuie pour le financement de
ses activités sur les dons qui sont versés sur un compte propre à l’Association
ottomane, dont dépend le Centre et qui est installée en Allemagne et ne
s’occupe que des activités soufies.
Notons que c’est Gerd Rebler qui préside
le Centre, tandis qu’Ayberk Gökcimen, l’un des pôles du soufisme dans la
société occidentale, est le vice-président.