Les militaires cherchent à comprendre comment le coronavirus s’est invité sur le «Charles-de-Gaulle»
Le porte-avions Charles-de-Gaulle et son équipage contaminé poursuivent leur route vers Toulon. À bord, 66 marins ont été testés pour une suspicion de Covid-19 par une équipe médicale embarquée mercredi après-midi. Pour cinquante d’entre eux, le résultat s’est révélé positif, a annoncé le ministère des Armées vendredi. Si l’état-major a assuré que la santé d’aucun patient ne s’était aggravée depuis la découverte des cas, trois soldats ont été évacués «préventivement», dit-on: d’abord par hélicoptère NH90 Caïman à destination de Lisbonne, au Portugal, puis par Falcon 900 médicalisé vers l’hôpital d’instruction des armées Sainte-Anne à Toulon.
Le Charles de Gaulle, qui se trouve actuellement en mer Méditerranée, devrait accoster dans les prochains jours. Son retour au port, initialement prévu le 23 avril, a été anticipé. Arrivé en France, l’équipage pourrait être placé en quatorzaine.
L’enquête est encore en cours pour déterminer l’origine de la contamination. Deux médecins et un expert en biosécurité sont demeurés à bord du porte-avions pour la mener. Beaucoup de questions se posent: la dernière escale du bâtiment s’est déroulée du 13 au 15 mars à Brest. Depuis, les hommes n’ont a priori eu aucun contact avec l’extérieur. Le délai d’incubation de la maladie a été largement dépassé…
Le Charles-de-Gaulle participait depuis le 21 janvier à l’opération «Foch», une mission de «présence opérationnelle» en océan Atlantique avec d’autres partenaires internationaux. Les frégates grecque HS Spetsai, belge Leopold Ier , allemande GFS Lübeck, néerlandaise HNLMS Evertsen et portugaise FFGH Corte Real se sont relayées aux côtés du groupe aéronaval français. Mais la frégate belge Leopold Ier a elle aussi dû rebrousser chemin plus tôt que prévu après la découverte d’un cas de Covid-19 à bord. Le bâtiment avait également fait escale à Brest au même moment que le Charles-de-Gaulle. Le membre d’équipage a été débarqué le 20 mars. Au sein du ministère, on ne commentait pas, vendredi, le cas belge.
1 760 personnes à bord
À bord du Charles-de-Gaulle, les marins contaminés par le covid-19 ont été placés dans un espace de confinement d’une capacité maximal de 127 places «adapté spécialement». La zone a été mise «en dépression» afin d’éviter le risque de propagation dans l’air du virus. «Les marins continuent de faire l’objet d’une prise en charge spécifique», ajoute-t-on au sein de l’état-major en rappelant l’application des mesures barrières. Des masques de protection ont été acheminés spécialement pour équiper l’ensemble de l’équipage jusqu’à son retour à terre. Actuellement, 1760 personnes se trouvent à bord: 1 200 marins et 560 membres de l’état-major et du groupe aérien embarqué. Officiellement, les capacités opérationnelles du porte-avions ne sont pas remises en cause.
En revendiquant une communication «transparente», l’état-major français veut évidemment éviter le parallèle avec le porte-avions américain USS Theodore-Roosevelt . 416 soldats à son bord avaient été touchés par le Covid-19. Le bâtiment s’était vu refuser le droit d’accoster sur l’île de Guam. Son commandant, Brett Crozier, avait protesté. Il avait été démis de ses fonctions, entraînant une crise au sein de l’US Navy.