Foreign Policy: la situation mauvaise des travailleurs étrangers au Qatar les a exposés au danger de la contamination par le coronavirus
La revue américaine Foreign Policy a critiqué la situation des travailleurs résidant au Qatar suite à la propagation de la pandémie du coronavirus dans ce pays – 2000 contaminations confirmées. Elle a affirmé qu’étant donné les lieux étroits où vivent les travailleurs étrangers et la déficience du système de soins médicaux, la vie de ces derniers était en danger.
Et d’ajouter que le Qatar était connu pour les mauvais traitements qu’il faisait subir aux travailleurs étrangers, et leur exploitation.
La revue a indiqué que la taille importante de la main-d’œuvre immigrée au Qatar (plus de 2 millions de personnes pour 2,6 millions d’habitants), leur entassement dans des camps, et les pressions qu’il subissent pour construire les installations de la Coupe du monde de football, les ont exposés au risque de la contamination.
La revue ajoute qu’au moment où le Qatar a fermé tous les lieux publics, les ouvriers du bâtiment continuent de travailler dans un ensemble de projets, malgré l’existence de centaines de contaminations parmi eux.
Un ouvrier a écrit sur Twitter : « comment les travailleurs peuvent-ils respecter l’éloignement social lorsqu’ils sont obligés d’aller dans des usines et sur des sites de construction où plus de 200 personnes travaillent ensemble ? »
Nombre de ces travailleurs viennent de villages d’Asie du sud, et souvent après avoir payé des milliers de dollars à des agences pour l’emploi, dans l’espoir de sortir leurs familles de la pauvreté.
Depuis le début des préparatifs de la Coupe du monde de football il y a six ans, 34 travailleurs immigrés ont perdu la vie, dont 31 décès classés comme « non liés au travail », ce qui comprend les décès brusques suite à une insuffisance cardiaque ou respiratoire. Et des centaines d’autres meurent chaque année au travail dans d’autres projets de construction. Et comme c’est le cas des décès liés aux préparatifs de la Coupe du monde, le gouvernement attribue la majorité de ces décès à des maladies de cœur, des vaisseaux sanguins ou à des « causes naturelles ».
Une étude publiée l’année dernière dans une revue sur les maladies de cœur a examiné la relation entre l’exposition à la chaleur et les décès de plus de 1300 travailleurs népalais pendant neuf ans jusqu’en 2017. Et les climatologues et spécialistes des maladies du cœur ont constaté une relation étroite entre le stress thermique et le décès de jeunes suite à des problèmes cardiaques pendant les mois d’été. Notons que parmi les immigrés du Qatar se trouvent quelque 700000 Indiens, 400000 Népalais et 400000 Bengalis.
Et à Katmandou, au Népal, des corps arrivent à l’aéroport international chaque semaine, plongeant les familles dans le deuil, et cela devrait être le cas encore dans les mois à venir. Or, pour le travailleur journalier venant de Bombay, rester à la maison signifie que ses enfants et sa femme vont mourir.
Le 11 mars, les résultats de tests « coronavirus » pratiqués sur 238 émigrés résidant dans une zone industrielle – bande de terre comprenant des usines, des entrepôts et des logements pour les travailleurs à l’extérieur de Doha – ont été positifs. Depuis ce moment, des dizaines d’autres cas ont été identifiés, qui semblent liés à ces premières contaminations. Par ailleurs, selon Foreign Policy, nombre de travailleurs étrangers préfèrent ne pas signaler leur maladie, de crainte d’être expulsés au cas où la contamination était prouvée. La directrice du bureau de l’Initiative des migrations internationales dépendant de l’Organisation de la société ouverte, Elizabeth Frantz, a affirmé : « Il faut s’engager à ne pas expulser les travailleurs migrants qui ont signalé leur maladie ou des résultats positifs. Ils doivent avoir la garantie de ne pas perdre leur emploi s’ils sont malades ».