La guerre des "jawaris"… L’exploitation terroriste des femmes : entre les "Khansawat" de Daech et les "Zaynabiyyat" des Houthis
Mohammad
ad-Dabuli
Le discours
islamiste radical – sous ses deux aspects sunnite et chiite – se caractérise
par son hostilité aux groupes qui s’opposent à lui, aux minorités et à la
femme. Concernant cette dernière, ce discours vise à l’intimider, en la
menaçant du châtiment de la tombe et de la colère de Dieu si elle ne se voile
pas, ne porte pas le vêtement imposé par la charia et se mêle aux hommes en
allant travailler à l’extérieur.
Or, malgré ce
discours, l’expérience des mouvements islamistes semble montrer une réalité
différente, à savoir la participation de la femme à la prédication et à
l’activisme social, voire à l’action militaire.
Ainsi, si
l’organisation al-Qaïda a hésité à enrôler des femmes, ce ne fut pas le cas de
Daech, malgré les fatwas interdisant cela. C’est ainsi que cette dernière créa
en 2014 la première brigade féminine qui lui soit propre : celle
d’al-Khansa, composée d’un ensemble de groupes comme « Omm ar-Rihan »
ou « Omm Emara », dont le rôle essentiel était de recruter des
Européens par le biais des réseaux sociaux.
C’est cette même
année aussi que fut créée par les Houthis la brigade chiite des Zaynabiyyat,
dont la mission était de garantir la sécurité dans les régions contrôlées par
les Houthis. Quant à leur emploi djihadiste de ces femmes, il consiste à
réprimer les opposants politiques, d’une part, et à pratiquer la
« hisba » (veiller à faire respecter l’éthique islamique dans la
société et à interdire les actes blâmables) dans les rues.
Les principales
différences entre les deux cas – Daech et Houthis – au niveau du recrutement
sont les suivantes :
- L’enrôlement
chez Daech ne se fonde pas sur une fatwa, alors que chez les Houthis, il se
fonde sur une fatwa d’al-Khomeyni en 1985.
- Les milices
féminines chiites sont mieux organisées, les Houthis possédant une brigade
complète parfaitement équipée pour le combat, tandis que l’expérience
daechienne se caractérise encore par l’improvisation.
- Les brigades
féminines daechiennes s’occupent surtout de la « hisba » tandis que
les attaques sont exécutées individuellement par la méthode des loups
solitaires.
- Les brigades
féminines chiites sont surtout chargées de réprimer les manifestations de
femmes.
La question qui
se pose alors est de savoir si le djihad féminin exprime la volonté des
mouvements djihadistes de suivre les évolutions de l’époque relatives à
l’octroi à la femme de davantage de droits comme celui à l’autodéfense ?
En fait, il apparaît que les conceptions misogynes de ces mouvements restent
les mêmes, et que les raisons de la formation de milices armées composées de
femmes sont plutôt leur capacité à traverser les barrages sécuritaires, à recruter
d’autres membres, à collecter des fonds, et autres motifs sans rapport avec le
droit de la femme à se défendre.
D’ailleurs, les
pratiques de la police féminine à Raqqa et à Mossoul durant la présence de
Daech prouvent le mépris manifesté à l’égard de la femme, comme les moyens de
torture employés contre les femmes dévoilant leurs atours.
Quant aux
organisations chiites comme les Houthis, elles ont privé la femme de tous leurs
droits et libertés, en matière d’emploi et de tenue vestimentaire, en particulier.
A l’instar de ce qu’avait fait al-Khomeyni en Iran, en imposant aux femmes à
porter le tchador et en les utilisant pour réprimer l’opposition politique.
Ainsi, les femmes
dans les organisations militantes islamistes ne sont qu’un moyen pour réaliser
les objectifs de ces organisations, sans considération pour leurs droits :
la femme n’est plus alors qu’une servante combattante.