La Turquie et le Liban: Erdogan tente de répéter l’histoire de l’empire ottoman et de sa répression
Ayat Ezz
Le président libanais a récemment affirmé que son pays avait souffert du terrorisme turc durant la première guerre mondiale. Et en effet, les événements dramatiques n’y manquent pas, comme la grande famine de 1915 à 1918 organisée par les Ottomans pour affamer les Libanais et les empêcher ainsi de se révolter contre le pouvoir ottoman.
Citons aussi le « Seferberlik », à savoir la mobilisation générale au nom de laquelle les soldats turcs ont enlevé nombre de jeunes et d’enfants libanais pour les enrôler de force en Turquie.
Et après que les familles libanaises eurent perdu tous les hommes, les soldats turcs eurent les mains libres pour violer les femmes des villages libanais, tandis que d’autres femmes furent enlevées sans que l’on sache ce qu’elles étaient devenues.
En outre, les Ottomans ont imposé durant la première guerre mondiale des impôts exorbitants aux citoyens libanais, et en particulier aux paysans, en torturant ceux qui refusaient de les payer.
Un autre événement remontant aux années cinquante est celui de l’intervention turque au Liban au nom de l’Amérique, alors qu’elle était un agent de Washington, dans l’application du Pacte de Bagdad dans la région. A cette époque, le Pacte visait à imposer les politiques américaines et occidentales aux pays ayant récemment acquis leur indépendance. La Turquie a ainsi semé la zizanie au Liban, jusqu’à la révolution de 1958, qui déboucha sur la démission du président libanais Kamil Chamoun qui soutenait le Pacte, et l’élection de Fouad Chehab, qui gela les relations libano-turques pendant un certain temps.
De son côté, l’analyse politique libanais Fadi Akoum a affirmé que depuis cette époque, les Libanais n’aiment pas les Turcs. Et d’ajouter qu’aujourd’hui, Erdogan tente de répéter ce qu’ont fait ses ancêtres en pratiquant le terrorisme dans le nord syrien, et en enrôlant de jeunes sunnites de cette région pour réaliser ses ambitions infâmantes au Liban.