L'économie toujours à l'épreuve du Covid-19
Le Dow Jones sort de sa meilleure performance hebdomadaire depuis l'avant-guerre, ce qui n'a pas empêché l'indice de chuter lourdement vendredi. Les tensions restent fortes partout dans le monde, à mesure que la pandémie s'étend, notamment aux Etats-Unis où la région de New York paie un lourd tribut. On retiendra ce matin le bref passage du WTI sous les 20 USD, un coup de pouce de la PBOC à l'économie chinoise et des indicateurs avancés qui ont hésité avant de se redresser.
En temps normal, les retours de weekend sont relativement calmes sur les marchés financiers. Par conséquent, les premiers papiers du lundi sonnent assez creux, faute d'événements importants. Mais depuis quelques semaines, nous croulons sous les actualités 7 jours sur 7 et il faut attraper le train en marche. Vous m'excuserez donc ce matin de recourir à la technique du "bullet point", ou de la puce pour les puristes, avec une liste assez disparate :
- La propagation du Covid-19 se poursuit, notamment aux Etats-Unis et en Italie, que l'on suive les outils de l'Université John Hopkins ou ceux de Worldometers. Les répliques sont différentes d'un pays à l'autre. Leur analyse sera importante à l'heure du bilan.
- Donald Trump n'a pas pris la décision de boucler certaines zones de son pays, mais l'administration pratique un "conseil appuyé" de limiter ses déplacements, en accord avec le CDC, l'autorité de supervision sanitaire. 56% des nouvelles infections aux Etats-Unis proviennent de la zone de New York. La Maison Blanche estime que le pic de contamination aura lieu dans deux semaines et prévoit désormais le maintien des mesures de prudence jusqu'au 30 avril.
- La société malaisienne Top Glove Corporation n'arrive pas à faire face à la demande : le premier fabricant mondial de gants en caoutchouc, 20% de parts de marché, croule sous les commandes. Ah, si seulement vous aviez acheté cette satanée boîte de 100 lors de votre dernier passage au magasin de bricolage !
- Dans le cadre d'une formation ce weekend, j'ai été amené lors d'un exercice à revoir la conférence TED de Bill Gates en 2015 sur le risque épidémique. Elle est régulièrement citée depuis quelques semaines, mais je vous conseille de la visionner ou de la revisionner, l'intervention dure moins de 10 minutes. Sacré bonhomme quand même. Quand le bon sens devient une prophétie.
- Le pétrole a signé un plus bas de 18 ans avec le bref passage du brut léger américain WTI sous les 20 USD. C'est bon pour le prix à la pompe. Mais comme on ne conduit presque plus...
- L'Australie a commencé à tester le BCG comme vaccin de renfort des défenses contre le coronavirus.
Pour finir (l'épineuse) question de la semaine : Faut-il privilégier la santé publique ou l'économie ? Vous êtes peut-être dérangé – je le suis – par ce débat lancé notamment aux Etats-Unis dans l'entourage de la Maison Blanche. Pour grossir le trait, faut-il laisser mourir les vieux et les faibles et favoriser une vie plus prospère aux autres, ou, comme l'a dit sans filtre Donald Trump, le remède (le confinement donc l'arrêt de l'activité économique) ne doit pas être pire que le mal (la mort d'un nombre élevé d'individus). Sans même aller sur le terrain éthique, trois économistes américains rattachés à la Fed et au MIT apportent leur pierre à l'édifice. Dans leur étude, ils expliquent que les villes américaines qui ont adopté rapidement des mesures de distanciation sociale (tous les gestes dits non-médicaux) lors de la pandémie de grippe espagnole il y a un siècle n'ont pas eu à souffrir plus que les autres d'un déclin économique, et qu'au contraire nombre d'entre elles ont mieux prospéré après l'épidémie. "Nos conclusions indiquent donc que les NPI (interventions non-pharmaceutiques) ne font pas que réduire la mortalité, mais qu'elles atténuent également les conséquences économiques négatives d'une pandémie", indiquent les trois chercheurs. Leur étude est ici pour les anglophones.
Comme nous sommes passés à l'heure d'été en Europe ce week-end, le décalage "traditionnel" avec Wall Street reprend ses droits : la place américaine ouvre à 15h30 heure de Paris. Le CAC40 grappillait 0,06% à 4354 points à l'ouverture.
Les temps forts économiques du jour
L'inflation préliminaire allemande en mars sera annoncée à 14h00, juste avant à 15h00 les chiffres de l'immobilier ancien aux Etats-Unis. Ce matin, la Banque centrale chinoise a réduit l'un de ses taux directeurs de 20 points de base pour soutenir la reprise.
L'euro perd un peu de terrain à 1,1081 USD. L'once d'or se négocie 1616 USD. Le pétrole tente de se stabiliser après avoir été mis sous forte pression, avec un WTI qui a brièvement baissé sous les 20 USD avant de revenir à 20,40 USD, et un Brent à 24,54 USD. Le taux du 10 ans américain atteint 0,66 %. Le Bitcoin flirte avec les 6000 USD.