Pandémie: les enquêteurs de l'ONU demandent un cessez-le-feu en Syrie
Le
président syrien Bachar
al-Assad et le prince héritier d'Abou Dhabi, Mohammed ben Zayed al-Nahyane, ont
eu vendredi un entretien téléphonique, a rapporté l'agence
officielle syrienne Sana, une première depuis le début du conflit
en Syrie en 2011.
« La pandémie de Covid-19 représente une menace mortelle pour les civils
syriens. Elle frappera sans distinction et sera dévastatrice pour les plus
vulnérables en l'absence d'action préventive urgente », s'est alarmé ce
samedi Paulo Pinheiro, président de la Commission d'enquête de l'ONU.
Les enquêteurs de l'ONU
pour la Syrie ont appelé, ce samedi 28 mars, au cessez-le-feu afin d'
« éviter d'aggraver la catastrophe » au moment où
les premiers cas de personnes infectées par le nouveau coronavirus sont
recensés dans le pays, ravagé par neuf années de guerre.
La Syrie a signalé
jusqu'ici cinq cas de contamination au nouveau coronavirus. « Pour
éviter la tragédie qui s'annonce, les parties doivent entendre l'appel à un
cessez-le-feu du secrétaire général des Nations unies et de l'envoyé spécial,
sous peine de condamner un grande nombre de civils à une mort pourtant évitable », a déclaré, dans un
communiqué, le président de la Commission d'enquête, Paulo Pinheiro.
Un
système de santé en lambeaux
La guerre en Syrie, qui a
fait plus de 380 000 morts, a considérablement affaibli le système de
santé. Seuls 64% des hôpitaux et 52% des centres de soins primaires qui
existaient avant 2011 sont opérationnels, tandis que 70% des personnels de
santé ont fui le pays, selon l'Organisation mondiale de la santé.
Cette situation dramatique
est due « pour une large part aux forces
pro-gouvernementales qui ciblent systématiquement les installations médicales », selon la
commission. « Les attaques contre les structures médicales,
les installations, les hôpitaux et les secouristes doivent cesser immédiatement », exige-t-elle.
La pandémie menace tout
particulièrement les 6,5 millions de Syriens déplacés dans le pays, dont plus
d'un million de civils, majoritairement des femmes et des enfants, qui sont
entassés dans des camps le long de la frontière turque, dans la province
d'Idleb.
Ils vivent avec un accès
limité aux soins ou à l'eau potable, dans un secteur où des dizaines d'hôpitaux
ont été mis hors-service par les bombardements et les combats.
Les ONG humanitaires
craignent également une catastrophe sanitaire dans les prisons surpeuplées du
régime syrien.
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L'UE appelle à son tour à la cessation des hostilités
Après l'ONU, l'Union
européenne a appelé à son tour, dimanche 29 mars, à un cessez-le-feu dans
toute la Syrie pour aider à mettre sur pied une meilleure réponse à la pandémie
de coronavirus.
« Le
cessez-le-feu récemment décidé à Idleb reste fragile. Il doit être maintenu et
étendu à toute la Syrie », a déclaré un porte-parole de la
Commission européenne, dans un communiqué.
« Cesser
les hostilités dans le pays est important en soi, mais c'est aussi une
précondition pour contenir la propagation du coronavirus et protéger une
population, déjà éprouvée, des conséquences potentiellement désastreuses, en
particulier à Idleb, où se trouve un nombre important de réfugiés », a-t-il continué.
L'UE a également plaidé
pour une libération à grande échelle de personnes détenues par le régime
syrien.