Publié par CEMO Centre - Paris
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Covid-19 : peut-on connaître le nombre réel de cas en France ?

vendredi 27/mars/2020 - 04:13
La Reference
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Le ministre de la Santé, Olivier Véran, a évoqué il y a quelques jours une fourchette du nombre de gens infectés par le nouveau coronavirus. Mais l'équation comporte de multiples inconnues.

Votre question a été raccourcie, la voici en intégralité : «Si "seulement" 1% à 2% des personnes contaminées décèdent du Covid-19, peut-on considérer qu’il y a de 25 000 à 50 000 personnes infectées en France ?»

Comme nous l’expliquions dans un article récent, le nombre de cas positifs diagnostiqués en France (29 155 jeudi, selon la direction générale de la santé) ne correspond évidemment pas à la totalité des gens touchés par le virus, mais uniquement à ceux qui ont été testés. Il s’agit du «nombre minimum de malades en France», comme l’a dit le directeur général de la santé, Jérôme Salomon.

D’ailleurs, jeudi, Santé publique France évoquait également un autre chiffre, celui des malades du coronavirus qui auraient consulté un médecin généraliste entre le 16 et le 22 mars. Ce chiffre, qui n’est pas une estimation des cas testés mais repose sur les symptômes observés en médecine de ville, s’élèverait à environ 42 000 pour cette seule semaine. 

Hier, Jérôme Salomon a précisé lors de son point presse que les autorités de santé allaient de plus en plus se fier à cette surveillance syndromique -plutôt qu'aux résultats des dépistages- pour évaluer le nombre de cas réel d'après les données des professionnels de santé. «Cette évaluation, a expliqué le directeur général de la Santé, est faite à partir d'un échantillon de médecin sur le territoire national, elle est faite au plus près du terrain et permet ensuite d'extrapoler à l'ensemble du territoire français. Cette méthodologie est considérée comme de référence en stade épidémique».

Au cours de sa conférence de presse samedi dernier, Olivier Véran, le ministre de la Santé, avait également été interrogé sur le nombre de cas réels. Et avait livré une autre méthode de calcul, en se basant sur les données chiffrées (qui ont beaucoup évolué depuis) : «Vous avez le nombre de patients qui peuvent être rapportés au taux attendu de mortalité qui est de 1% et qui fait qu’on pourrait estimer qu’il y aurait 30 000 à 40 000 malades en réalité en France [450 décès hospitaliers liés au Covid-19 avaient été dénombrés la veille, ndlr].

Son raisonnement était donc le suivant : considérant que 1% des contaminés finissent par mourir (taux de létalité), si la France compte 300 à 400 morts, celà signifie qu’il y a 30 000 à 40 000 infectés. Une simple règle de trois. En l’appliquant avec les données actuelles, 1 700 morts (jeudi soir), on arriverait donc à 170 000 personnes infectées.

Mais Olivier Véran expliquait immédiatement qu’il y a d’autres manières de calculer ou d’estimer le nombre de malades : «Vous savez qu’il y a une personne sur deux qui est malade et qui ne s’en rendra jamais compte. C’est ce qu’on appelle les porteurs sains. Et donc ça pourrait monter à 80 000, 90 000 malades. Donc la fourchette du nombre probable de malades en France varie de 30 000 à 90 000 personnes.» L’idée de Véran est que la létalité de 1% est calculée sur la base des porteurs symptomatiques, et qu’elle ne tient pas compte des porteurs sains, dont le nombre pourrait être équivalent à celui des malades. Ce pour quoi il double son chiffre. Là encore, en appliquant ce raisonnement aux derniers chiffres de mortalité, on arriverait donc à plus de 350 000 cas en France.

L’équation comporte trop d’inconnues

Mais ce calcul est extrêmement fragile. La première raison, la plus évidente, est qu’il repose sur le nombre de morts… lequel est notoirement incomplet pour la France. Comme CheckNews l’écrivait, les autorités sanitaires ne comptent pour l’heure que les décès survenus à l’hôpital. Les morts en Ehpad ou à domicile ne sont pas pris en compte dans le bilan communiqué quotidiennement. Jérôme Salomon, lors d’une réponse à un journaliste le 24 mars, estimait même que les morts à l’hôpital constituaient une «faible part» de la mortalité liée au Covid-19. Ce point devrait être éclairci dans les prochains jours, avec la remontée et la centralisation, à venir, des décès en Ehpad liés au virus. Mais dans l’hypothèse (à titre d’exemple), où il y aurait en fait deux fois plus de morts, il faudrait donc encore doubler l’estimation du nombre de cas…


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