Vers une Corne de l’Afrique nouvelle … Des changements régionaux importants qui réduisent le rôle qatari
Mohammad
ad-Dabuli
Des changements
importants ont modifié la physionomie de la région de la Corne de l’Afrique ces
derniers mois, dont les plus importants ont été les arrangements politiques de
nature à recomposer les alliances et les équilibres pour contrer l’influence
qatarie et turque dans la région, l’Ethiopie prenant l’initiative de ces
arrangements du fait de sa position stratégique et de son rôle actif.
Tout d’abord, les
événements récents dans la Corne de l’Afrique ont vu une présence croissance de
l’Arabie saoudite dans la Corne de l’Afrique, qui s’est manifestée par le
rapprochement des points de vue entre Djibouti et l’Erythrée pour résoudre les
problèmes frontaliers entre les deux pays.
D’autre
part, Abiy Ahmad et Afewerki ont
exploité le nouveau climat d’entente dans la Corne de l’Afrique pour annoncer
officiellement la fin de la guerre entre l’Ethiopie et l’Erythrée qui avait
duré de 1998 à 2000, et dont les répercussions se faisaient sentir depuis vingt
ans. C’est ainsi qu’après l’isolement international
et les sanctions qui lui avaient été imposées, l’Erythrée va pouvoir à nouveau
s’ouvrir sur le monde.
De son côté, le
Qatar qui avait réussi à jouer le rôle d’intermédiaire dans les crises de la
région, et en particulier dans la crise frontalière entre l’Erythrée et
Djibouti en 2008, devrait voir son influence réduite par la présence croissante
des Emirats et de l’Arabie saoudite.
Quant à l’Iran,
il voit les nouveaux arrangements politiques dans la région avec crainte,
surtout depuis la rupture de ses relations avec l’Erythrée et le Soudan, qui se
sont retournés contre la politique iranienne dans la région et ont soutenu
l’opération « Tempête décisive » au Yémen.
Au niveau
somalien, les attaques terroristes croissantes du mouvement des Chababs Mudjahidines
contre des objectifs gouvernementaux et militaires en Somalie pourraient
contrarier les efforts du gouvernement somalien visant à imposer son contrôle
sur les différentes régions du pays, outre ses efforts régionaux visant à unir
les pays de la région contre les organisations terroristes, en jouant en
particulier le rôle d’intermédiaire entre l’Erythrée et Djibouti.