Les faucons des Frères musulmans et les normes de l’alternance du pouvoir au sein de la Confrérie
Doaa Imam
La Confrérie des Frères musulmans (fondée en
1928) n’a jamais permis tout au long de son histoire, une modification des
règles relatives à l’alternance du pouvoir en son sein. L’ambition des jeunes
(privés de toute autorité) d’occuper des postes de direction, a donné lieu à
des différends successifs au sein de la Conférie.
Mahmoud Ezzat et Mohamed Kamal
Des différents au grand jour et des
normes secrètes
Après l'emprisonnement et la fuite des
dirigeants des Frères musulmans qui ont suivi la révolution du 30 Juin 2013
(qui a écarté les Frères du pouvoir), des rivalités ont éclaté entre le groupe
de Mahmoud Ezzat, et celui Mohamed Kamal pour prendre la direction de la
Confrérie. L’ancienne garde a pris le parti de Ezzat tandis que les jeunes se sont
rangés au côté de Kamal. Les deux fronts se sont échangés les accusations de
fraude et d'irréalisme. La bataille pour la direction de la Confrérie n’est pas
terminée. Mais une question se pose : quelles sont les normes pour
l’alternance du pouvoir ?
Crise de leadership
Après le sixième guide, Mamoun Al-Hodeibi en
2004, certains membres de la Confrérie ont appelé à changer les règles établies
pour choisir le guide. Mais la situation est restée inchangée. En 2010, la
Confrérie a témoigné d’une bataille interne qui s’est soldée par la victoire de
l’ancienne garde représentée par Mohamed Badi’ (l’actuel guide) face au
mouvement réformiste, dirigé par Mohamed Habib, le guide adjoint à l'époque, et
Abdel Moneim Aboul Fotouh (qui figure sur la liste terroriste depuis février
2018).
Défaillance des structures
Au début 2004, le chercheur mauritanien
Mohamed bin Moukhtar Al-Shanqiti, affilié aux Frères musulmans, a critiqué la
politique de la confrérie et ses règlements internes, étant donné que ces
règlements révélaient un grave déséquilibre dans les structures de direction
des Frères tant en Egypte qu’au seind de l'organisation internationale.
« L’organe fondateur de la Confrérie
s’est donné une légitimité permanente, mais les membres non-fondateurs, eux,
ont été privés de tout droit de modifier le règlement interne et de participer
au choix de la direction », a affirme Al-Shanqueeti.
Le guide secret
Les Frères ont eu recours tout le long de
leur histoire au subterfuge du « Guide secret » qui était connu des faucons
seulement, et ce pour éviter les poursuites policières. Ainsi, lorsque le
fondateur de la Confrérie, Hassan Al-Banna est mort, les avis étaient partagés
sur le choix d'un Imam et le groupe est resté de 1949 à 1951 sans guide.
« Le guide à cette époque était Moustafa Machehour », explique
Ahmed Ban, chercxheur spécialiste des mouvements islamistes.
Ismail Naji Al-Cheikh, membre du Conseil de
la Choura du Mouvement algérien d’Al-Nahda, explique les raisons pour
lesquelles l’ancienne garde continue à occuper les postes de direction au sein
de la Confrérie : « Les Frères sont toujours dominés par l’idée du
dirigeant unique et paternaliste ce qui fait que l’avènement de la jeune
génération est très difficile », affirme-t-il. Et de conclure dans des
déclarations exclusives à Al-Marje’ que les Frères musulmans « ont peur
du renouvellement, de crainte qu’on les accuse d’avoir renoncé aux principes de
la première génération».