Et si la Chine tirait parti du coronavirus ?
Face à l’incapacité de l’Europe et des
Etats-Unis à gérer de façon moderne la crise du coronavirus, la Chine pourrait
accroître son avance technologique, notamment dans les domaines de la santé et
de l’éducation, note, dans sa chronique Frédéric Lemaître.
Chronique. Ancien correspondant du Financial Times en Chine, l’Australien
Richard McGregor, qui vit aujourd’hui à Sydney, le confiait récemment : « Beaucoup de gens me demandent si le virus ne
résulte pas d’un complot chinois pour dominer le monde. » L’hypothèse
est absurde. De nombreux Chinois sont au contraire convaincus que le
coronavirus est une création américaine destinée à affaiblir leur pays. Mais
deux mois après le début dune crise dans laquelle certains ont cru pouvoir
déceler le commencement de la fin du Parti communiste chinois, c’est un tout
autre scénario qui se profile. Celui d’une Chine qui pourrait, in fine, tirer
parti de la pandémie.
Croissance nulle au premier trimestre
Certes, sur le plan économique, le premier trimestre a
été catastrophique. Avec des ventes au détail en baisse de 20 % sur les
deux premiers mois par rapport à 2019, une production industrielle inférieure
de 13 %, des investissements en recul de 24 % et des ventes de
voitures en chute de 80 %, l’année 2020 s’annonce sous de sombres
auspices. De mémoire d’économiste, on n’avait jamais enregistré de telles
chutes depuis la Révolution culturelle, il y a plus de cinquante ans. Et comme
la reprise s’annonce laborieuse, mars ne devrait pas être fameux non plus.
Certains envisagent même une croissance nulle au premier trimestre. Quant au
second, il ne devrait pas être exceptionnel.
Avance technologique
Mais, pour la Chine, il y a aussi des motifs d’être
satisfaite. En raison de leur impréparation, les Etats-Unis et l’Europe
semblent incapables de gérer la crise de façon moderne, à la sud-coréenne, en
recourant massivement aux tests, aux masques et aux nouvelles technologies.
Faute d’alternative, le confinement « à la chinoise » s’impose un peu
partout, de l’Italie à la Californie. Même si on ne connaîtra probablement
jamais le nombre réel de décès survenus en Chine à cause du coronavirus, le
nombre de morts est déjà tellement élevé en Europe que l’on parle déjà du
« modèle chinois ».