Publié par CEMO Centre - Paris
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Les leurres stratégiques d'Al-Qaïda et de Daech

mardi 18/septembre/2018 - 04:45
La Reference
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Maher Farghaly

 

Daech et Al-Qaida ont bâti chacun sa propre philosophie sur le soi-disant conflit qui oppose leurs idéologies respectives. Ces idéologies ne peuvent en aucun cas se rencontrer. Chacune d’elle ne peut subsister en présence de l’autre. Les deux groupes terroristes ont donc mis en place le principe du « leurre stratégique », qui consiste à attirer son ennemi vers une longue confrontation. Celui-ci réalise quelques gains, et pense qu’il sera victorieux. En réalité, la poursuite de la confrontation sur la durée assure la victoire de l’autre camps.

Revenons avec notre mémoire quelques années en arrière. Lors de son deuxième discours après les attaques du 11 septembre, Oussama Bin Laden, qui pensait sans doute à cette stratégie, avait parlé du « roi » et du « petit garçon ». Le garçon a utilisé le leurre stratégique pour attirer le roi vers une longue confrontation. Celui-ci pensait qu’il serait victorieux à la fin, et qu’il se dabarrserait du garçon. Mais les tentatives répétées du roi de tuer le garçon revenaient à reconnaitre implicitement qu’il n’était pas un Dieu comme il le prétendait, et que le garçon, qui a été tué par la suite, est en réalité sincère. Résultat : la population à cru au petit garçon. Et la nouvelle a eu l’effet d’un coup de semonce sur le roi.

Le premier à avoir parlé du leurre stratégique était Abdullah Mohamed, aujourd’hui grand théoricien des groupes armés après l’emprisonnement d’Abou Moussab Al-Suri. Il dit dans une étude qui circule sur les sites djihadistes : «Quand nous parlons du djihad, nous parlons de la guerre, la guerre a besoin d'un plan, et le plan doit être mis en place par étapes en fonction de la nature de la guerre. Le tout pour atteindre un objectif tactique ou stratégique et cela varie selon les données. Dans certaines guerres, le but est d’affaiblir l'ennemi, et dans d’autres le but est de remporter la victoire, le premier but complète le second ». Ce que nous comprenons de ces propos c’est qu’après le succès du leurre stratégique, vient l’action militaire.

Abdullah Mohammed, a parlé du chaos dans la région. Il se demande : Quel est le rôle que peut jouer le mouvement djihadiste au cours de cette étape critique de l’histoire de la nation ? Et quel projet convient à cette phase ? Quelles sont les chances de succès? « Au début, je dis que face à ce chaos, les projets partiels n'auront aucune chance de survivre », dit-il.

La thèse d’Abdullah est compatible avec la théorie du choc des civilisations, imaginée par Huntington et selon laquelle il n’y a pas de place dans ce monde pour deux ou trois cultures. Une seule civilisation doit prévaloir et régner sur le monde. « Nous en tant que musulmans sommes d'accord avec lui et donc nous nous battons pour éviter une sédition. Nous avons la bonne annonce que notre religion entrera dans chaque maison et école avec fierté ».

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