Irak : des dizaines de milliers de pèlerins rassemblés malgré le coronavirus
Les autorités irakiennes ont annoncé la mort de 17
personnes et la contamination de 208 autres.
Des dizaines de milliers d'Irakiens se sont
rassemblés ce samedi en pèlerinage à Bagdad pour commémorer une figure majeure
de l'islam chiite, défiant le couvre-feu imposé par les autorités pour endiguer la propagation du Covid-19.
A Bagdad, deuxième capitale la plus peuplée
du monde arabe avec dix millions d'habitants, les pèlerins ont convergé vers le
mausolée doré de l'imam Kazem - le septième des douze imams des chiites
duodécimains -, sur les berges du Tigre. Depuis plusieurs jours, des Irakiens à
pied, à dos de chameau ou de cheval, cheminaient vers le quartier saint de
Kazimiya (nord), où se trouve le mausolée.
Ce samedi, jour du pèlerinage, des dizaines
de milliers de personnes "venues de Bagdad et d'autres provinces en
Irak" s'y trouvaient, a indiqué une source au sein des autorités en charge
du lieu saint. "C'est la première année où il y a aussi peu de pèlerins et
pour la première fois, il n'y a pas d'étrangers", a-t-il ajouté, alors que
chaque année, des millions de chiites iraniens viennent en Irak pour les
différents pèlerinages chiites.
Pénurie chronique de médecins, médicaments
et hôpitaux dans le pays
L'Irak a interdit il y a un mois les voyages vers et depuis l'Iran, l'un des pays les plus touchés au
monde par l'épidémie de Covid-19 avec plus
de 1500 morts. Pour le pèlerinage de l'imam Kazem, les fidèles n'ont pu cette
année franchir que le mur d'enceinte du lieu saint, "sans pouvoir entrer à
l'intérieur du mausolée même si certains pèlerins ont tenté, en vain", a
indiqué le responsable.
A Nassiriya, une ville du sud chiite et
tribal, des centaines de pèlerins ont, eux, transporté, au milieu d'une foule
compacte, un cercueil symbolique pour commémorer le martyre de l'imam Kazem,
mort empoisonné en prison par le calife Haroun al-Rachid en 799.
L'Irak, dont le
système de santé est en pénurie chronique de médecins, médicaments et hôpitaux,
a fermé l'ensemble des lieux saints et le grand ayatollah Ali Sistani a
interdit les prières collectives. Le dignitaire chiite qui a cessé ses prêches
du vendredi a envoyé l'un de ses représentants prononcer une allocution
officielle sur la télévision d'Etat. Ahmed al-Safi y a rappelé les consignes de
l'Etat de se confiner et d'éviter les rassemblements, sans toutefois parvenir à
convaincre les dizaines de milliers de pèlerins sortis samedi.