Publié par CEMO Centre - Paris
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Adnane Zorfi, l'homme de la 2e chance pour gouverner un Irak en plein marasme

mardi 17/mars/2020 - 09:22
La Reference
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Adnane Zorfi, deuxième candidat à tenter de former un gouvernement en Irak cette année, est une «nouvelle tête» qui pourrait susciter l'enthousiasme des partisans du changement, mais aussi le refus catégorique de la vieille garde, particulièrement chez les pro-Iran.

Grâce à son action pour améliorer les services publics et le maintien de la sécurité, dans un pays qui manque des deux, M. Zorfi a l'estime de nombre de ses pairs comme de ses administrés.

Mais ce natif de la ville sainte chiite de Najaf --dont il a été gouverneur à trois reprises, la première fois sur nomination du pouvoir américain d'occupation-- a aussi de vieux ennemis.

L'Irakien, qui possède également la nationalité américaine et dont la femme et les sept enfants vivent aux Etats-Unis, a ainsi longtemps été la bête noire de l'armée du Mehdi, la toute-puissante milice du leader chiite Moqtada Sadr, avec lequel il s'est depuis réconcilié.

Et il est aujourd'hui dans le collimateur du deuxième bloc au Parlement, celui des paramilitaires pro-Iran du Hachd al-Chaabi, qui a déjà rejeté sa désignation.

- «Nouvelle tête» -

Contrairement à son prédécesseur Mohammed Allawi, ce député de 54 ans n'a jamais été ministre.

«C'est une nouvelle tête et c'est sûrement plus un avantage qu'un inconvénient» face à une révolte qui réclame depuis près de six mois un renouvellement des politiciens et d'une classe politique vieillissante, assure à l'AFP Sajad Jiyad, spécialiste de l'Irak.

 

Si l'homme à la mâchoire carrée et aux cheveux noirs parsemés de mèches blanches n'apparaît que maintenant sur le devant de la scène, il a pourtant derrière lui une longue carrière politique.

M. Zorfi, docteur en jurisprudence islamique, a rejoint dès sa majorité le parti Daawa, l'opposition chiite historique à Saddam Hussein.

Forcé à l'exil après la révolte de 1991 contre le dictateur, il est parti en Arabie Saoudite voisine puis aux Etats-Unis pour ne rentrer qu'à la chute de Saddam Hussein en 2003.

Gouverneur de Najaf jusqu'à 2015, il a été depuis élu deux fois député. En 2018, c'était au sein de la liste emmenée par l'ancien Premier ministre Haider al-Abadi passé à l'opposition.

Le député d'opposition kurde Sarkawt Chemseddine, qui a travaillé avec lui, le décrit comme souvent preneur d'«initiatives sur les questions sociales et économiques».

«C'est une voix chiite modérée qui plaide pour entretenir des liens avec l'Occident» et qui «entretient de bonnes relations avec les Kurdes et les sunnites», assure à l'AFP M. Chemseddine.

De bonnes relations qu'il devra faire jouer s'il veut réussir à obtenir sous 30 jours la confiance du Parlement. Avec cependant un atout en main: le soutien de son bloc à l'Assemblée, ce que n'avaient pas les deux Premiers ministres indépendants avant lui.

- «Force» et «volonté» -

Avec l'échec de M. Allawi, qui a jeté l'éponge faute d'avoir pu obtenir la confiance de l'Assemblée pour son cabinet, M. Zorfi a «appris des leçons: il faut obtenir des accords entre blocs et les associer à la formation du gouvernement», explique M. Jiyad.

Mais aussi contenter une rue en colère contre les petits arrangements entre politiciens dans le seizième pays le plus corrompu au monde.

Et tout cela en tentant de relancer un pays en plein marasme politique, social, économique et diplomatique.

Au moment même où sa désignation se déroulait mardi au palais présidentiel, de nouvelles roquettes ont visé les troupes étrangères en Irak.

Alors que le monde a cru que l'Iran et les Etats-Unis allaient s'affronter sur le sol irakien en début d'année, M. Zorfi devra tenter de restaurer un fragile équilibre.

                                          

Photo transmise par la présidence irakienne montrant le président irakien Barham Saleh (à gauche) et le Premier ministre irakien désigné, Adnane Zorfi, à Bagdad, le 17 mars 2020 / Iraqi Presidency Media Office/AFP

«Il faut quelqu'un avec de l'expérience, une volonté et de la force pour brider les parties turbulentes» qui sont derrière les tirs de roquettes, affirme M. Jiyad. «Et quelqu'un qui comprenne l'importance d'avoir les Etats-Unis en soutien.»

Or M. Zorfi doit composer avec un contexte politique rendant plus ardue encore sa tâche.

Le Parlement n'a toujours pas repris ses sessions après ses vacances, laissant en suspens le budget alors que les cours du pétrole ne cessent de plonger. Et l'épidémie du nouveau coronavirus continue de tuer en Irak, en pénurie chronique de médicaments, de médecins et d'hôpitaux.

 


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