Publié par CEMO Centre - Paris
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Le voyage en canot: entre les profits réalisés par les commerçants turcs et le fardeau supporté par la Grèce

lundi 16/mars/2020 - 11:54
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La crise des réfugiés syriens aux frontières grecques a des implications à la fois sur la situation humanitaire de ces réfugiés, en particulier les vieillards, les femmes et les enfants, et sur celle de la Grèce, qui connaît depuis quelques années une crise économique.

C’est ainsi que la professeure de sciences politiques à l’Université de Columbia Sarah Deardorff Miller, indique dans son livre « les réponses politiques et humanitaires à la crise des réfugiés syriens », la responsabilité qui incombe au gouvernement turc vis-à-vis des réfugiés syriens, au lieu de les utiliser politiquement.

Elle indique que le voyage en canot entre les deux pays oblige chaque passager à payer environ 1200 dollars à des trafiquants, tandis que des centaines meurent en route – 800 en 2015.

Elle ajoute que les îles grecques proches des frontières turques comme Lesbos ou Chios sont la première escale des réfugiés sur le chemin de l’Europe.

Et l’auteur explique que les commerces turcs aux frontières sont les premiers à profiter de la crise de ces réfugiés, en vendant les produits dont ont besoin les migrants, et en particulier des vêtements de flottaison (life jackets), et des conserves faciles à préparer.

Et elle indique qu’il y a des points connus de rassemblement des migrants aux frontières turques, gérés par des sociétés turco-syriennes, qui exploitent la situation de crise de ces migrants syriens, mais aussi afghans et arabes cherchant à prendre place dans les canots de ces sociétés pour partir vers l’Europe.

L’auteur indique aussi que la moitié des migrants sont des jeunes non mariés, qui choisiront probablement des Européennes pour épouses, ce qui aura pour conséquence de modifier les caractères démographiques des sociétés européennes.

Le chantage d’Erdogan exercé contre l’Union européenne en utilisant la carte des réfugiés ne s’est pas limité aux adultes, mais a concerné aussi les enfants se trouvant à la frontière turco-grecque.

Selon SOS Villages d’enfants, organisation humanitaire internationale qui s’occupe de l’éducation des enfants n’ayant personne pour les entretenir, 13000 enfants sont arrivés dans les îles grecques où ils se trouvent dans une situation difficile.

Les rapports de l’organisation indiquent que ces enfants souffrent même après leur arrivée en Europe, du fait des conditions difficiles dans les centres d’accueil, qui provoquent chez eux des troubles psychologiques.

Notons que plus du quart des réfugiés ayant traversé la Mer Méditerranée pour se rendre en Europe en 2019 étaient des enfants, et que nombre d’entre eux sont partis sans leurs proches, et après des voyages périlleux, ils continuent d’affronter des dangers importants après la traversée des frontières, selon le Haut-Commissariat de l’Onu pour les réfugiés.

Par ailleurs, la directrice du Bureau du Haut-Commissariat pour l’Europe, Pascale Moreau, a affirmé : « Ces enfants ont peut-être fui les conflits ou perdu les membres de leurs familles, ou quitté leurs foyers pendant des mois ou des années, et ont subi des mauvais traitements durant leurs voyages, mais leurs souffrances ne s’arrêtent aux frontières ».

Selon le premier ministre grec, des unités de l’armée sont déployées, pour sécuriser les frontières avec la Turquie, et son pays ne se pliera pas aux menaces turques et n’acceptera aucun réfugié entrant de façon illégale.

Notons que la Grèce a interdit à quelque 10000 réfugiés d’entrer sur son territoire par les frontières avec la Turquie, qualifiant la décision d’Ankara d’ « agression organisée ».

Dans le cadre du chantage turc à l’Union européenne en ouvrant les frontières gréco-turques face à des dizaines de milliers de réfugiés, le ministre turc de l’Intérieur Sulayman Soylu a annoncé que son pays allait déployer mille policiers sur les rives du fleuve Meric, frontalier avec la Grèce, pour empêcher le retour forcé des demandeurs d’asile.

Le gouvernement grec affirme que 24000 personnes au moins ont été empêchées de traverser les frontières turco-grecques depuis samedi dernier.

De son côté, l’Union européenne a élaboré un plan en six points, et prévoyant l’envoi par le Bureau européen d’appui en matière d’asile (EASO) de 160 experts des pays européens dans la zone de crise, et l’activation par l’Agence européenne de protection des frontières (Frontex) d’un nouveau programme visant à accélérer le renvoi des personnes interdites de séjour en Grèce.

Des observateurs considèrent ainsi que l’accord sur les réfugiés entre le régime turc et l’Union européenne est en état de mort clinique, après que la Turquie a ouvert les frontières face à des dizaines de milliers de réfugiés.

Ils ajoutent que les pays européens ont adopté une attitude ferme face au chantage turc, et que si ce chantage devait durer, ils pourraient suspendre l’accord sur les réfugiés, voire menacer de l’annuler et imposer des sanctions au régime turc.

Ces observateurs estiment que le jeu d’Erdogan avec la carte des réfugiés est une erreur de sa part, étant donné les autres initiatives turques récentes, comme la prospection de gaz en Méditerranée orientale, les cellules turques en France ou en Allemagne, ou l’intervention en Libye et la signature de l’accord sur les frontières maritimes avec le gouvernement de Fayez al-Sarraj.

                                              


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