La Grèce dément l’existence d’un centre de détention secret pour migrants à la frontière turque
La Grèce a démenti mercredi 11 mars
des informations du New York Times sur l’existence d’un centre
de détention « secret » à la frontière avec la
Turquie pour détenir, avant de les expulser, les migrants arrivés sur son
territoire. Selon
le quotidien américain, « le
centre extrajudiciaire est l’une des quelques tactiques que la Grèce utilise
pour empêcher une répétition de la crise migratoire de 2015 ».
« Il n’y a pas de centre de détention
secret en Grèce », a
déclaré mercredi le porte-parole du gouvernement grec, Stelios Petsas. « Tout
ce qui concerne la surveillance des frontières, ou impliquant la sécurité, est
transparent. La Constitution, le droit grec et les acquis européens sont en
vigueur », a-t-il ajouté. « Il n’y a rien de
caché », a-t-il encore affirmé. « Si le New
York Times est au courant de cela, je ne vois pas comment un centre de
détention comme celui-là pourrait rester secret. »
La Commission européenne a appelé mercredi
les autorités grecques à « enquêter sur toute allégation de
pratiques illégales ou de violences », précisant que la question
serait abordée lors d’une visite jeudi à Athènes de la présidente, Ursula von
der Leyen, et de la commissaire aux affaires intérieures, Ylva Johansson. « Les
autorités grecques ont la difficile tâche de gérer une situation
exceptionnelle, mais elles doivent le faire dans le respect total des droits
fondamentaux et agir de façon proportionnée », a déclaré un
porte-parole de l’exécutif européen.
Des
soldats grecs cagoulés, des fourgonnettes sans plaque
Le New York Times assure
mercredi avoir confirmé l’existence du camp au moyen d’images satellites, après
avoir interviewé un Syrien renvoyé en Turquie qui a rapporté avoir été
incarcéré sur ce site près du village de Poros, dans le nord-est de la Grèce.
Athènes a toujours démenti renvoyer en
Turquie les migrants interpellés. Une source gouvernementale grecque assurait
la semaine dernière qu’« il n’y a pas de refoulements ». Le
gouvernement « empêche l’entrée, c’est tout à fait
différent ». Des journalistes de l’Agence France-Presse (AFP) ont
pourtant vu le long de la frontière des soldats grecs cagoulés embarquant des
migrants dans des véhicules militaires. Certains réfugiés se trouvaient aussi à
bord de fourgonnettes sans plaque d’immatriculation.
Des milliers de personnes se sont ruées
vers la frontière terrestre bordée par le fleuve Evros (également appelé
Maritsa) quand Ankara a annoncé, le 28 février, l’ouverture de ses portes
à tous les demandeurs d’asile souhaitant rejoindre l’Europe. Des dizaines ont
réussi à traverser le fleuve et à pénétrer sur le territoire grec.
Interrogé la semaine dernière sur le sort
des migrants interpellés sur le sol grec, le ministre des migrations grec n’a
pas voulu faire de commentaires. Sur le terrain, les policiers et les
militaires ont systématiquement refusé d’indiquer la destination de ces
personnes interpellées.
Des habitants et des personnes ayant passé
du temps à la frontière la semaine dernière ont pourtant confirmé cette
pratique, illégale, de refoulement. Autrefois, « l’armée nous
demandait de ramener les migrants de l’autre côté [de la frontière].
Maintenant, ils le font eux-mêmes », a raconté un habitant sous
le couvert de l’anonymat.