Publié par CEMO Centre - Paris
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Coronavirus : entre confiance et confinement, comment l’Afrique fait barrage à l’épidémie

jeudi 12/mars/2020 - 12:42
La Reference
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Au Congo-Brazzaville, tous les deux jours, une cinquantaine de personnes formées par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) sont chargées de vérifier l’état de santé des personnes confinées à leur domicile pendant les quatorze jours de possible incubation du coronavirus. Aux non-résidents tout juste atterris dans le pays, il est demandé de rester à leur hôtel, où les contrôles doivent être réalisés. Depuis début février, le Congo vit au rythme du coronavirus.

Des mesures de confinement ont été mises en place pour les voyageurs venant de Chine. Pour pallier le manque d’infrastructures, l’ambassade de Chine a proposé la mise à disposition à Pointe-Noire et à Brazzaville de lieux adaptés pour les quarantaines de ses ressortissants. Puis, au fil des semaines, la mesure a été étendue aux ressortissants d’Italie, d’Iran, de Corée du Sud, suivant la propagation de l’épidémie dans le monde.

Le ministère congolais de la santé a de son côté installé 100 places de confinement dans l’hôtel du complexe sportif de la Concorde, à quelques kilomètres de Brazzaville. Un espace aujourd’hui saturé, où la moitié des personnes placées sous surveillance pendant quatorze jours sont des Congolais, tandis que deux d’entre elles seraient des ressortissants français. Une Franco-Libanaise présentant des symptômes suspects se trouve quant à elle dans l’unité de confinement du CHU de Brazzaville, selon la cellule d’urgence du ministère de la santé. Une structure répliquée au sein de l’hôpital de Pointe-Noire, la capitale économique du pays.

Si, sur le papier, ce plan de filtrage est bien pensé, reste à en observer la mise en œuvre sur le moyen terme, alors que le nombre de personnes confinées va augmenter. Comme le reste de l’Afrique, le Congo s’applique à éviter au maximum de laisser entrer le virus sur son territoire, sans stigmatiser ni causer de psychose… Alors que le continent reste pour l’heure le moins touché de la planète, avec une centaine de malades répertoriés mardi 10 mars, d’autres pays que le Congo imposent des quatorzaines aux entrants. Surtout s’ils sont Chinois ou Européens.

« Nous voulons éviter toute stigmatisation »

La République démocratique du Congo (RDC) rejoint ainsi son voisin sur la prévention, même si elle opte pour une plus grande souplesse. Alors que le premier cas de malade du coronavirus a été annoncé dans le pays mardi, le ministre de la santé, Eteni Longondo, a demandé que les voyageurs en provenance de Chine, France, Italie, Irak et Iran soient placés en quarantaine pendant quatorze jours à leur atterrissage. Concrètement, les passagers présentant des symptômes sont mis en confinement dans une structure sanitaire, prévue initialement pour Ebola, proche de l’aéroport de Ndjili, à Kinshasa. Pour l’instant, seules six places sont disponibles, mais « on devrait pouvoir atteindre 20 places », selon le docteur Aruna Abedi, coordinateur de la riposte au coronavirus.

Les voyageurs des cinq pays à risque qui ne présentent pas de symptômes de la maladie doivent, eux, remplir un formulaire avec leurs coordonnées, et les autorités leur demandent de ne pas quitter leur maison ou leur chambre d’hôtel pendant deux semaines. « On essaie de les appeler tous les deux ou trois jours pour vérifier comment ils vont, développe Aruna Abedi. Bien sûr, on ne peut pas faire la police. La quarantaine se base sur la confiance, on explique aux gens qu’ils doivent le faire pour protéger les autres. » « On n’a pas les mécanismes, reconnaît le médecin. On est encore en train de travailler sur une stratégie, car le volume de voyageurs est très important et on ne peut pas placer 500 000 personnes en quarantaine du jour au lendemain. » Un hôtel devrait être identifié dans les prochains jours pour étendre les capacités de confinement.

Le Rwanda, lui, garde la tête froide face aux risques de propagation du coronavirus. Des quarantaines systématiques ne sont pas imposées aux voyageurs en provenance de pays à risque, comme le font certains Etats voisins tels que le Burundi ou l’Ouganda. Mais si aucun cas de contamination n’a pour l’heure été recensé sur ce territoire, les autorités ont néanmoins pris dimanche des mesures de prévention supplémentaires. Tous les visiteurs sont désormais contrôlés et soumis à un questionnaire de santé à leur arrivée. Ceux présentant des symptômes du Covid-19 sont considérés comme des cas suspects et conduits en isolement à l’hôpital le plus proche pour des procédures d’enquête et de tests de laboratoire plus poussés. Même si les tests sont négatifs, les cas suspects continuent de faire l’objet d’un suivi actif. Le ministère de la santé indique en outre que tout voyageur asymptomatique venant d’un pays à risque sera enregistré pour un suivi quotidien continu pendant quatorze jours.

Au Cameroun, pas encore de mesures de confinement pour les passagers en provenance de France et d’Italie. « Nous voulons éviter toute stigmatisation », explique Clavère Nken, chef de la cellule communication du ministère de la santé publique. Il y a par contre des contrôles de température aux aéroports et aux ports.

Royal Air Maroc suspend ses liaisons avec l’Italie

Si l’Afrique centrale est la plus avancée dans la mise en place des quarantaines, le reste du continent avance dans la même direction.

Ainsi, l’Afrique du Sud n’a pas encore pris de mesures de confinement à l’encontre des passagers européens – juste des contrôles de fièvre à l’arrivée à l’aéroport de Johannesburg –, mais dans les avions en provenance de zones à risques, des responsables militaires de la santé montent à bord et prennent la température des passagers avec un thermomètre électronique, chacun restant à sa place. Il n’y a pas, pour l’heure, de site de quarantaine public identifié. Une solution avec des lodges touristiques a bien été envisagée, avant d’être abandonnée. Le rapatriement des étudiants coincés à Wuhan depuis janvier n’a par ailleurs toujours pas eu lieu, faute de structure d’accueil adaptée. Mais tout cela pourrait changer très vite si les cas venaient à se multiplient : sur les dix personnes ayant été exposées au premier patient (qui revenait de vacances en Italie), toutes semblent désormais positives au coronavirus.

Au Sahel, le Tchad est le premier pays à mettre en place une unité spéciale de quinze lits au sein de son hôpital provincial de Farcha, à N’Djamena. En cas de besoin de confinement, s’y ajoutera le lycée français Montaigne, qui est fermé pour quatorze jours. Au Burkina Faso, qui compte une importante communauté française, aucune mesure spéciale pour les arrivants de France et d’Italie n’est à ce jour en vigueur. La ministre de la santé préfère « l’autoconfinement » à domicile pour les personnes en provenance de zones à risque, avec un contrôle de la température et une surveillance de l’apparition de symptômes respiratoires.

C’est aussi la confiance qui est privilégiée en Côte d’Ivoire, où il est demandé aux personnes venant de Chine un auto-isolement de quatorze jours ; sans suppression d’aucun vol. Plus radicale, la Royal Air Maroc a annoncé, elle, la suspension, à partir de mardi et jusqu’à nouvel ordre, de tous ses vols à destination et en provenance d’Italie.

            
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