Syrie : que fait la communauté internationale ?
Face à la situation humanitaire alarmante, des parlementaires européens appellent à convoquer un sommet extraordinaire avec Vladimir Poutine, et à définir la marche à suivre pour la protection des civils syriens.
Syrie : que fait la communauté internationale ?
La réponse de la communauté
internationale à l’escalade actuelle des hostilités par les forces russes et
syriennes à Idlib, en Syrie, sera considérée comme l’un des moments politiques
déterminants de notre époque.
Nous pensons que ces temps extraordinaires
appellent des mesures extraordinaires. C’est pourquoi nous vous demandons de
convoquer d’urgence un sommet extraordinaire des chefs d’Etat et de
gouvernement européens de l’Union européenne et de l’Otan avec le président
russe, Vladimir Poutine (en tant que partie au conflit et principal soutien
militaire du président syrien). Cette réunion doit convenir d’une marche à
suivre pour la protection des civils syriens et la fourniture d’aide, la lutte
contre l’extrémisme dans la région et le respect du droit humanitaire
international (DIH) par toutes les parties. Nous demandons instamment à nos
gouvernements d’envisager d’imposer des mesures individuelles ciblées lorsque
des pays actifs dans le conflit continuent de violer le DIH et refusent de
s’engager de manière constructive vers une désescalade et une résolution.
Les attaques des forces terrestres syriennes et de l’aviation russe depuis le début de l’offensive actuelle en décembre 2019 ont été incessantes et, avec des écoles, des habitations, des hôpitaux et centres médicaux fréquemment pris pour cibles, souvent en violation du DIH. Cela est inacceptable.
Le mépris répété et flagrant du DIH par
toutes les forces en présence risque de rendre les obligations de chaque pays
en vertu du droit international obsolètes dans la pratique, pour ce conflit et
les suivants.
Pendant ce temps, le coût humanitaire, déjà
considérable, augmente de jour en jour. Près de 500 civils ont été tués depuis
le début de cette offensive en décembre 2019, dont un tiers d’enfants. Près
d’un million d’autres ont été déplacés pendant cette période, exposés au froid
meurtrier de l’hiver syrien et ayant un besoin désespéré de nourriture, de
chaleur et de fournitures médicales. Cette crise est exacerbée par les limites
à l’aide humanitaire transfrontalière imposées par la Russie au Conseil de
sécurité des Nations unies.
Fournir un foyer sûr
au nombre croissant de personnes déplacées est un défi urgent que nous devons
relever collectivement. Cette situation est ressentie de manière
particulièrement aiguë par les voisins les plus proches de la Syrie, mais elle
va devenir une préoccupation croissante pour les pays d’Europe qui sont sans
aucun doute la destination rêvée d’un grand nombre de ceux qui cherchent à
échapper à la violence.
Enfin, les tensions
croissantes avec la Turquie – notamment la mort de 33 soldats turcs lors d’un raid aérien à Idlib en
février – risquent d’entraîner une escalade qui ne ferait
qu’exacerber toutes ces préoccupations, et qui mettrait en péril la paix et la
sécurité de notre continent.
Nous pensons que des
pourparlers urgents de haut niveau sont essentiels pour désamorcer la situation
et trouver une solution appropriée. Leur importance est telle que le refus de
toute partie active dans le conflit de participer de manière constructive devrait
être considéré comme une déclaration de soutien au statu quo inacceptable
actuel, et devrait susciter une réaction à la hauteur de la situation. A cette
fin, nous nous félicitons des premiers appels lancés par le ministre
britannique des Affaires étrangères, Dominic Raab, en faveur d’un recours accru
aux sanctions en conséquence du non-engagement. Ceux-ci font écho à ceux du
Premier ministre Johnson qui, en tant que ministre des Affaires étrangères, a
fait pression pour que des sanctions soient prises contre la Russie pour la
perpétration de crimes de guerre en 2017.