Syrie: avec les réfugiés dans le piège d’Idlib
L’envoyé spécial du Figaro raconte le
dénuement et l’épuisement des populations civiles ayant fui l’ultime bataille
pour le contrôle de cette province du Nord-Ouest, après neuf ans de guerre.
Les explosions
résonnent au loin, comme des coups de tonnerre que les naufragés de Sarmada
n’entendent plus. Une quinzaine de kilomètres séparent la ligne de front de ce
bourg embouteillé proche de la frontière turque, où des milliers de Syriens
chassés par les bombardements du régime et de l’aviation russe ont trouvé
refuge ces dernières semaines.
Jeudi 5 mars,
quelques heures avant l’annonce d’un
cessez-le-feu négocié à Moscou par Recep Tayyip Erdogan et Vladimir Poutine, au moins
quinze civils ont été tués par une frappe aérienne aux abords de Maarat Misrin.
Mais dans le camp de Deyaa, dont les eaux usées inondent les champs de leur
teinte glauque et de leur puanteur, la guerre semble étrangement lointaine. Au
cours des dernières semaines, 520 familles originaires du village de Hass ont
fui les pilonnages de l’armée syrienne pour s’établir sur ce lopin de terre en
lisière de la ville.