Hambourg et les turbans noirs… l’Iran propage le chiisme jusqu’en Allemagne
Ali Ragab
En janvier 2018, les autorités allemandes se sont mises à
la recherche de tous ceux qui étaient en relation avec dix Iraniens soupçonnés
d’espionner des institutions et des individus en Allemagne, sur ordre d’une
unité des services de renseignements iraniens.
La plupart des chiites en Allemagne, soit plus de 225000,
sont des Duodécimains, tandis que le nombre des Alaouites – venant surtout de
Turquie et de Syrie – dépasse 70000, les Ismaélites arrivant en dernier avec
environ 2000 représentants.
Les chiites allemands jouissent de la qualité de membres
actifs dans le Conseil des oulémas chiites d’Europe, qui chapeaute les
associations et organisations chiites du vieux Continent, et gère 26 centres et
70 husseyniyas qui représentent des cellules dormantes exploitant
l’absence de contrôle des gouvernements occidentaux.
Le Centre islamique de Hambourg est l’institution chiite
la plus importante en Allemagne, il a été fondé en 1960 et transmet les
enseignements chiites iraniens selon la conception du « wilayat
al-faqih » (gouvernement du jurisconsulte) telle qu’élaborée par Khomeiny,
fondateur de la République islamique d’Iran.
Notons que les chiites d’Allemagne jouissent de leurs
pleins droits, et sont la communauté musulmane qui a le moins souffert de
l’islamophobie entretenue par les partis d’extrême-droite, du fait de leur
discours modéré et de leur rapprochement avec les libéraux et les laïcs, pour
se garantir une couverture.
L’influence iranienne
Le Centre islamique de Hambourg est l’un des outils les
plus importants de la pénétration iranienne dans la société allemande en
général et la communauté musulmane en particulier. Le rapport annuel de 2004 du
ministère allemand de l’Intérieur affirme que ce Centre représente un point de
contact avec le Guide suprême iranien Ali Khamenei, ainsi qu’avec les chiites
d’autres pays comme la Turquie et le Liban.
Le Dr Aref al-Kaabi, président du comité exécutif pour la
restitution de la légitimité à l’Etat des Ahwaz, affirme que l’Iran mobilise de
nombreux chiites arabes et étrangers, outre les chiites iraniens, pour les
utiliser comme cellules d’espionnage, d’exécution d’opérations terroristes et
d’assassinats d’opposants au régime des mollahs en Europe.
Et d’ajouter que l’Allemagne est un pays important pour
ce régime, car elle a joué un rôle important dans l’accord nucléaire iranien et
que des centaines de milliers d’Iraniens vivent dans ce pays, outre le fait que
les fonds de ces Iraniens, mobiliers et immobiliers, sont évalués à quelque 50
milliards de dollars. Sans parler des « racines aryennes communes »
entre les deux pays, comme l’avait rappelé en 1986 l’ex-président défunt
Hachemi Rajsandjani dans une lettre adressée au chancelier Helmut Kohl à
l’époque.