Mettre les frontières grecques sous pression, l'arme d'Erdogan contre l'Europe
Alors que le président turc Recep Tayyip Erdogan a l'intention d'ouvrir aux réfugiés les frontières de son pays avec l'Europe, la Grèce a annoncé qu'elle avait relevé au maximum le niveau d'alerte à ses frontières pour empêcher le flux de migrants d’entrer sur son territoire. Des escarmouches ont eu lieu entre la Turquie et la Grèce. Le porte-parole du gouvernement grec, Stelios Pitsas, a déclaré que les gardes-frontières grecs n'ont tiré aucune balle sur les personnes qui tentaient d'entrer illégalement dans le pays. « Au contraire, il s'agit d'une désinformation grossière et délibérée », a-t-il ajouté.
Allégations turques
Erdogan avait affirmé plus tôt que des soldats grecs avaient tué deux migrants, et blessé gravement un troisième, et que la Grèce avait pris des mesures drastiques pour empêcher l'entrée les réfugiés sur son territoire, après que des milliers de personnes se soient entassés à ses frontières.
Les déclarations du président turc interviennent à un moment où l'afflux de milliers de migrants vers les frontières grecques inquiète de plus en plus l'Union européenne. La Turquie a annoncé qu'elle avait « ouvert les portes vers l'Europe ».
Erdogan a critiqué ce qu'il considère être un manque de volonté de la part des Européens de « partager le fardeau avec la Turquie ».
Des vidéos ont montré des enfants syriens tremblotant après avoir passé la nuit dans le froid, et après que leur rêves se soit brisé aux frontières grecques. Ils ont découvert que les portes de l'Europe étaient fermées. Ces séquences ont provoqué l'indignation quant à la manière d'Erdogan d'utiliser les Syriens comme une arme contre l'Europe.
Les vidéos montrent un certain nombre de personnes nageant dans les eaux de la rivière Evros, qui s'étend sur 194 km (sur un total de 206 km) le long des frontières avec l'Union européenne.
En 2016, Ankara a signé un accord avec l'Union européenne en vertu duquel la Turquie s’engage à stopper l’afflux des migrants syriens vers l’Europe, en échange d'une aide de 6 milliards d'euros, mais Erdogan a utilisé à plusieurs reprises la carte des réfugiés pour menacer les pays européens.
Vendredi 28 février 2020, la décision de la Turquie d'ouvrir ses frontières avec l'Europe a coïncidé avec l’opération militaire lancée par Ankara contre l'armée syrienne en Syrie.
Réponse grecque
Le premier ministre grec, Kyriakos Mitsotakis, a averti que son pays répondrait à toute personne qui tente de franchir illégalement la frontière. Et d’ajouter que son pays était « déterminé à protéger ses frontières ». « Les migrants qui tentent d'entrer illégalement dans le pays seront renvoyés », a-t-il averti.
À la lumière de ces développements, l'Agence européenne de surveillance et de protection des frontières (Frontex) a annoncé dimanche qu'elle avait relevé le l'alerte au niveau maximum, tandis que l'Union européenne appelait à une réunion d'urgence des ministres des Affaires étrangères.
Le flux de migrants à la frontière greque est perçu comme « une menace sérieuse et pour la sécurité nationale du pays ».
Les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne tiendront une réunion d'urgence la semaine prochaine pour discuter des répercussions du conflit syrien et ont dirigé des milliers de réfugiés vers les frontières entre la Turquie et la Grèce.
Le ministre des Affaires étrangères de l'Union européenne, Josep Borrell, a déclaré dans un communiqué que les combats à Idlib en Syrie constituent une menace sérieuse pour la paix et la sécurité internationales et ont de graves répercussions humanitaires pour la région et au-delà.
Les réfugiés paient le prix des ruses du dictateur Erdogan, qui a à faire pression sur l'Europe en utilisant la carte des réfugiés pour obtenir son soutien dans sa guerre en Syrie.